Ace silence, j'aurais prĂ©fĂ©rĂ© la violence Des cris des pleurs pour moins de douleur Ton indiffĂ©rence m'est la pire des souffrances A ce silence Si tu pars je ne reste pas Si t'abandonnes, je baisse les bras Surtout ne m'en veux pas pour tout ce que je n'suis pas Mais si t'avances, je viens vers toi Si tu m'entends, rĂ©ponds-moi Dans la nouvelle gĂ©nĂ©ration de chanteuses françaises, elles sont nombreuses Ă  ne pas faire mystĂšre de leur sexualitĂ©. Sans le porter en Ă©tendard, elles aiment les femmes et leur succĂšs prouve que c’est presque devenu un non-sujet.Effectivement, nous sommes nombreuses. D'ailleurs, vous connaissez la petite blague qu'on entend ces derniers temps "Ah, enfin une chanteuse qui n'est pas lesbienne !"» Amandine Maissiat rapporte ce badinage qui trotte dans l'industrie de la musique. AdoubĂ©e par l'intransigeante Françoise Hardy - avec qui on peut reconnaĂźtre un cousinage artistique -, elle poursuit Pourquoi certains mĂ©tiers vont-ils rĂ©vĂ©ler un genre ? Cela reste, par contre, un mystĂšre » La scĂšne actuelle bousculerait-elle la reprĂ©sentation des lesbiennes au sein de la discipline ? Les homosexuelles auraient-elles davantage la fibre musicale que les hĂ©tĂ©rosexuelles ? Lors des derniĂšres Victoires de la musique, quatre des six nommĂ©s parmi les rĂ©vĂ©lations sont ouvertement homosexuelles Hoshi, Suzane, Pomme, AloĂŻse Sauvage. Une autre, au triomphe insolent AngĂšle et en lice dans la catĂ©gorie fĂ©minine principale, bisexuelle. Toutes ont en commun d'avoir la vingtaine. Libres, dĂ©terminĂ©es, matures, l'esprit pop, bien dans leurs pompes, actives sur les rĂ©seaux sociaux. Pour elles, une ascension immĂ©diate, gagnante et fĂ©dĂ©ratrice. A peine les premiers signaux sonores envoyĂ©s, des radios au garde-Ă -vous, des jauges de concert au remplissage flatteur. Et la sĂ©duction s'Ă©tend bien au-delĂ  du pĂ©riphĂ©rique parisien et d'un public arc-en-ciel.Je n'y vois qu'une coĂŻncidence. Ce n'est pas parce qu'elles sont lesbiennes qu'on les porte aux nues. Ce sont des jeunes femmes complĂštement assumĂ©es, naturelles, Ă  l'aise avec leur vie personnelle. Elles ont une sorte d'audace qui se rĂ©percute sur leur art et qui les font sortir du lot», analyse Melissa Phulpin, influente aux multiples casquettes manageuse, attachĂ©e de presse, organisatrice des soirĂ©es Tomboy Lab. Ces filles-lĂ  ne se copient pas mais se rejoignent dans leur libertĂ© de ton. Elles n'utilisent pas leur orientation sexuelle comme fonds de commerce, n'ont pas le dĂ©sir de s'emparer d'un rĂŽle d'un porte-drapeau. Pour autant, elles ne bottent jamais en touche Ă  l'Ă©vocation du sujet, refusent de maquiller les propos inhĂ©rents Ă  leur sexualitĂ©.Je suis qui je suis»Si j'ai dĂ©jĂ  acceptĂ© d'en parler en interview, c'est parce que je me dis que ça peut aider une personne seule ou incomprise, prĂ©cise Suzane. Il y a eu quelques papiers dans la presse oĂč on a Ă©voquĂ© uniquement la sexualitĂ© des chanteuses avant de parler musique. Si on le surligne constamment, c'est pĂ©nible. On n'a pas soulevĂ© que Malik Djoudi [nommĂ© lui aussi dans l'une des deux catĂ©gories rĂ©vĂ©lation, ndlr] Ă©tait hĂ©tĂ©ro. Je ne suis pas un Ă©tendard, je suis qui je suis, et j'en parle dans mes chansons.» Comme sur P'tit Gars, morceau sur le rejet parental et l'homophobie, ou Anouchka, touchant portrait de son amoureuse dans lequel elle s'inclut Elle a le nom d'une poupĂ©e russe /Deux grains de beautĂ© posĂ©s par lĂ  /J'l'ai rencontrĂ©e Ă  l'arrĂȘt de bus /Anouchka». Ne pas avancer masquĂ©e ou vivre cachĂ©e. DĂ©sormais l'Ă©quation tout le monde sait ou le pense, personne n'en parle» est soldĂ©e. Les jeunes chanteuses lesbiennes s'affirment et c'est trĂšs bien comme ça parce qu'on ne reviendra pas en arriĂšre. J'aurais adorĂ© avoir 20 ans aujourd'hui. Lorsque j'Ă©tais jeune, se dĂ©couvrir homosexuelle, c'Ă©tait compliquĂ©. J'ai seulement compris qui j'Ă©tais en lisant un article dans un journal», confie la chanteuse Juliette, l'une des rares Ă  faire son coming-out au dĂ©but de la dĂ©cennie 90. A la question d'un journaliste Il est oĂč RomĂ©o ?», et alors qu'elle vient juste d'apparaĂźtre avec son premier album, la facĂ©tieuse aux lunettes rondes rĂ©torque Mon RomĂ©o s'appelle Juliette.»Elle glisse aussi la premiĂšre personne du singulier dans l'ultime couplet de Monocle et col dur, catalogue de femmes des AnnĂ©es folles et de la Belle Ă©poque aux dĂ©sirs saphiques 1993 En ai-je du rire ou de la peine ? /Moi qui conserve malgrĂ© tout /DerriĂšre ma libertĂ© ma chaĂźne /Et mon noir smoking en dessous.» Franche du collier, dĂ©complexĂ©e, Juliette avoue n'ĂȘtre jamais passĂ©e par une phase de tergiversation. Quand j'ai rajoutĂ© ces phrases au texte de Pierre Philippe, c'Ă©tait une maniĂšre de dire que je viens de quelque part et que je ne suis pas la premiĂšre. Si j'avais eu envie de m'autocensurer, j'aurais fait autre chose, Ă©crire des bouquins par exemple. Je me mets en scĂšne devant un public, donc cela fait partie de ma personnalitĂ©.»Un contexte batailleurCette visibilitĂ© nouvelle des chanteuses lesbiennes au sein de l'espace public ne peut se dissocier du contexte batailleur et de la libĂ©ration salvatrice de la parole des femmes. C'est le langage en mouvement, l'urgence de vivre, l'explosion des omertas, l'affranchissement des prĂ©ceptes rances du vieux monde. La sociĂ©tĂ© a quand mĂȘme largement changĂ©. Longtemps, et ça fonctionnait aussi pour les comĂ©diennes, l'entourage faisait pression pour que l'artiste reste potentiellement un objet de dĂ©sir. On a beau dire, mais il y a aussi un avant et un aprĂšs-mariage pour tous. Le fait d'avoir accĂšs pour les lesbiennes Ă  la normativitĂ© hĂ©tĂ©rosexuelle leur permet de s'exprimer sur leurs amours, leur sexualitĂ©, y compris chez celles qui font de la musique mainstream», indique Katel, cofondatrice de Fraca FraternitĂ© cannibale, label fĂ©ministe et y a aussi ces artistes locomotives qui ont ouvert des brĂšches aussi bien Ă  travers leurs chansons que leurs dĂ©clarations. Qui ont fait bouger les lignes, osĂ© le verbe frontal ou cru, dĂ©gommĂ© les injonctions de l'invisibilitĂ©, joui de la transgression, endossĂ© l'identification personnelle. La Marcheuse, morceau du deuxiĂšme album de Chris tine and the Queens, est ainsi lisible comme un acte de rĂ©sistance Ă  la violence sexiste et homophobe J'vais marcher tout le temps /Et je m'en vais forcer les regards agressifs /J'vais toujours au-devant /Il me tarde de trouver /La violence facile.»Chris a pris des risques dĂšs le dĂ©but de sa carriĂšre. Elle a Ă©tĂ© une des premiĂšres Ă  Ă©voquer les questions lesbiennes sur les plateaux de tĂ©lĂ©vision. Se dĂ©finir en tant que pansexuel Ă  des heures de grande Ă©coute ou exposer la culture queer comme elle l'a fait, c'est indĂ©niablement une avancĂ©e», tĂ©moignent LĂ©a Lootgieter et Pauline Paris, auteures du remarquable livre les Dessous lesbiens de la chanson. Et Melissa Phulpin de complĂ©ter Eddy de Pretto a aussi participĂ© et aidĂ© Ă  cette libĂ©ration artistique. Je sais que Pomme et AloĂŻse Sauvage sont trĂšs fans de lui. Il est arrivĂ© avec des paroles fortes et directes sans se demander si cela le grillerait auprĂšs d'une partie du public. Et cette voie-lĂ , ce sont les filles qui s'en sont emparĂ©es plus facilement que les garçons.»Retour de bĂąton»Hormis rĂ©cemment un Kiddy Smile ou mĂȘme encore un Bilal Hassani, la proportion des chanteurs affichant leur homosexualitĂ© ainsi qu'une forme de militantisme dans leur Ă©criture paraĂźt en effet plus timorĂ©e. D'un autre cĂŽtĂ©, il n'y a pas de femmes non plus qui vont aussi loin qu'Eddy de Pretto dans la description du sexe et du plaisir, note Pauline Paris. DĂšs qu'il est question de dĂ©sir charnel et d'acte visuel, il y a encore de toute façon un fort retour du bĂąton de la part de la sociĂ©tĂ©. C'est ce qui s'est passĂ© pour Hoshi aprĂšs les Victoires de la musique.» Pendant la cĂ©rĂ©monie, ce baiser dĂ©posĂ© Ă  sa danseuse Ă  l'issue de son ode Ă  la tolĂ©rance Amour censure aurait dĂ» susciter une sympathie unanime, au pire l'indiffĂ©rence des culs serrĂ©s. Au lieu de ça, Hoshi a reçu une vague d'insultes lesbosphobes, un dĂ©ferlement de haine et des menaces de mort sur les rĂ©seaux sociaux. Elle a portĂ© plainte auprĂšs du parquet. Lorsque la chanson de Hoshi Ă©tait diffusĂ©e en radio, rien de tout ça ne s'Ă©tait passĂ©. C'est excessivement courageux d'agir de la sorte Ă  la tĂ©lĂ©vision, mais on a vu que les retombĂ©es Ă©taient terribles, prĂ©cise Suzane. Un texte, on l'imagine, alors qu'un geste, on l'impose d'une certaine maniĂšre. C'est plus cash, c'est une autre mĂ©thode, mais cela reste une dĂ©marche artistique. Hoshi prĂŽne l'amour et elle reçoit la haine en retour. On pensait que la mer Ă©tait devenue calme, mais il y a encore une homophobie offensive.» Et toujours ni raisonnĂ©e ni raisonnable. confortet l'indiffĂ©rence, c'est trĂšs bien trouvĂ©, mais ceux qui les pratiquent le plus rentablement n'apparaissent jamais Ă  l'Ă©cran: ils sont toujours derriĂšre. On ne les verrait pas du tout dans ce long mĂ©trag s'ile nse montraient un peu le bout de l'oreille du haut de la plus haute tour, c'est-Ă -dire sous le masque de la
L'info est tombĂ©e rĂ©cemment, dans l'indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale l'interprĂšte amĂ©ricain Billy Joe Royal vient de dĂ©cĂ©der Ă  l'Ăąge de 73 ans. Totalement oubliĂ©. Il a connu son quart de quart d'heure de gloire au milieu des annĂ©es 60 avec une chanson encore plus oubliĂ©e, Down in the Boondocks 1965. Ceux qui aiment la mĂ©diocritĂ© et l'insignifiance passĂ©e peuvent l'entendre sur youtube. Je ne posterai pas le lien, malgrĂ© mon respect ou Ă  cause de mon respect pour les morts. Fin de l' de l'histoire ... Bon, oncle iangillan a oubliĂ© un petit dĂ©tail, Ă  savoir que l'auteur de ladite chanson est un certain Joe South. Un certain Joe South ?
. ne cherchez pas, ce n'est pas ce nom que vous connaissez mais ne remettez pas, ni le chanteur d'Aerosmith, ni le guitariste de Lynyrd Skynyrd, non, c'est juste un nom de scĂšne de Joseph Souter, born in the USA en 1940, chanteur, guitariste, et songwriter, rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ© lui aussi, nous dit wiki, qui ne se trompe jamais. Songwriter oubliĂ©, ajouterons-nous pour faire bonne mesure, mais ce n'est pas trĂšs objectif, et je crains qu'on ait droit Ă  un signalement dans wiki cet article ne cite pas suffisamment ses sources et est vachement subjectif », ou un truc de ce goĂ»t.Bien. Joe Souter South est un pote de Billy Joe Royal. Il lui file quelques chansons. Dont le quart de tube Down in the Boondrocks », et puis une petite chanson pas mal, interprĂ©tĂ©e par Billy Joe en 1967 est de reconnaĂźtre que non seulement Billy Joe, le royal, a un talent d'interprĂšte certain au-delĂ  du caractĂšre absolument ridicule de sa chemise et de sa cravate, que nous mettrons sur le compte de l'Ă©poque reculĂ©e - 1967 - , car de nos jours une telle faute de goĂ»t n'arriverait plus, c'est aussi certain que le talent d'interprĂšte de BJR et la fin du playback, mais aussi de reconnaĂźtre que la chansonnette en question s'Ă©coute tout Ă  fait – et c'est un euphĂ©misme. Quiconque aime la pop et je confesse humblement que c'est mon cas se doit de dĂ©celer l'Ă©norme potentiel mĂ©lodique de ce titre ! C'est Hush chut ! », silence, j'ai cru l'entendre prononcer mon nom » ...Or, ne voilĂ -t-il pas qu'en cette Ă©poque de reprises sans vergogne, oĂč un crooner belge peut se permettre de beugler noir c'est noir » sans dĂ©clencher l'hilaritĂ© gĂ©nĂ©rale, mais aussi oĂč un guitariste-star noir amĂ©ricain peut reprendre un titre de Bob Dylan et le transcender! quelques mois aprĂšs sa sortie – tous les vieux auront reconnu Jimi Hendrix et son interprĂ©tation superbe de All along the watchtower ceux qui ne connaissent pas, faut qu'ils se ruent sur cette reprise absolument classique et fabuleuse - en cette Ă©poque de reprises, disais-je, et de gap » transatlantique, un petit Ă©pigone anglais du nom de Kris Ife reprend Hush de Joe South/interprĂ©tĂ© par BJR vous suivez?, juste quelques mois aprĂšs bien aussi, non ?Bien. Et alors ? Eh bien, un groupe anglais naissant, talentueux, mais en quĂȘte de direction musicale, s'empare de la chose, car figurez-vous qu'un matin le guitariste, surtout connu pour son travail en tant que musicien de sessions un peu comme Jimmy Page Ă  la mĂȘme Ă©poque, un angliche rĂ©pondant au nom de Ritchie Blackmore, entend le titre, et se dit que ça pourrait faire une accroche pour le premier album de son supergroupe » , dĂ©signation anachronique car inconnue en ces temps reculĂ©s NB dĂ©solĂ© pour le son pourri, j'ai privilĂ©giĂ© le cĂŽtĂ© pittoresque-psychĂ©-british de la video sur la qualitĂ© du son le mec en serviette/slip, c'est le premier chanteur de Deep Purple, Rod Evans les Evans n'ont pas de chance, cf Dave Evans et Mark Evans, flanquĂ© du bassiste Nick Simper et bien sĂ»r de Blackmore, Paice et Lord trĂšs Ă  son avantage avec son Ă©puisette.Inutile de rechercher un travail profond sur le titre, l'Ă©poque est Ă  la reprise point barre », on se pille allĂšgrement les uns les autres, on se reprend/se pompe les uns les autres, et advienne que pourra – par contre l'interprĂ©tation est dĂ©jĂ  purpleĂ©enne, en termes stylistiques. Notons que Deep purple n'hĂ©site pas Ă  reprendre Ă  tout va, sur ses premiers albums 
 Un autre exemple realativement ratĂ© autre exemple plutĂŽt rĂ©ussi qu'il en soit, cette reprise de Hush deviendra le premier hit single » du groupe, notamment aux USA, faisant du Pourpre un quintette Ă  la mode, l'Ă©quivalent des One Direction en 1967 – au point de fasciner Hugh Hefner et Playboy » - impayable !!!! - les plus impatients ont tort, mais iront Ă  puis la premiĂšre vague hard rock va dĂ©bouler, avec ses Led Zeppelin II, ses Paranoid et ses In Rock, et cette chanson va tomber rapidement en dĂ©suĂ©tude, au point de faire partie des vieilles lunes qu'on a un peu envie de cacher, comme le cousin effĂ©minĂ© dont tout le monde a un peu honte, et parce qu'entre Highway Star et Smoke on the Water, il n'y a guĂšre de place pour une rengaine 60s et ses na – nananaa- nana-naa- nananaaa » 
. Par contre, Hush fait beaucoup moins figure d'OVNI dans la carriĂšre de Purple si on consent Ă  le mettre en relation avec la premiĂšre chanson jamais enregistrĂ©e par le Mk II, le line-up classique Blackmore-Gillan-Glover-Lord-Paice, une chanson Ă mha fabuleuse et totalemnt oubliĂ©e, Hallelujah 1969 - please, tenez au moins jusqu'au solo de Blackmore, Ă  tomber sur le cul en dĂ©pit de sa sobriĂ©tĂ© 20 ans de silence ....Curieusement, et Ă  la surprise quasi gĂ©nĂ©rale, Hush refait une apparition en tant que rĂ©enregistrement studio en 1988, Ă  l'occasion des 20 ans du groupe, sur Nobody's Perfect, le live de la tournĂ©e House of Blue Light la chanson retombe dans l'oubli, dont elle n'Ă©tait pas vraiment sortie depuis jour oĂč un guitariste amĂ©ricain, suffisamment jeune pour ĂȘtre rompu Ă  toutes les techniques modernes, mais suffisamment vieux pour avoir entendu Hush » dans son adolescence, rejoint Deep Purple en 1994 Steve Morse insiste auprĂšs du groupe, dĂšs son engagement, pour que la chanson soit rĂ©activĂ©e en live. Et elle constitue depuis – depuis plus de 20 ans, en fait – un rappel incontournable du set de Purple en live, sous une forme Ă©tirĂ©e avec plein de solos voire d'impros terminer, je laisse Ă  chacun le soin de dĂ©terminer laquelle de ces deux reprises rĂ©centes il trouve la meilleure GotthardSuise Shaker UK, n°2 dans les charts en 1997 on pourrait penser que le succĂšs de cette derniĂšre reprise a pu encorager DP Ă  dĂ©finitivement faire un "show-stopper" de cette chansonWhether I'm drunk or dead - I really ain't too sure ...
Quiest fidĂšle par indiffĂ©rence, c'est la fidĂ©litĂ© la plus sĂ»re ! Charles RĂ©gismanset ; Les nouvelles contradictions (1939) L'indiffĂ©rence est ce que le beau sexe pardonne le moins aux hommes. Henri-FrĂ©dĂ©ric Amiel ; Journal intime, le 25 juillet 1852. Quand je n'aime plus je deviens mĂ©chant. LÂŽindiffĂ©rence, lÂŽindiffĂ©renceLÂŽindiffĂ©renceCÂŽest tout ce quÂŽil reste Ă  prĂ©sentDe cet amour tendre et violentEn alternanceLÂŽindiffĂ©rence, lÂŽindiffĂ©renceLÂŽindiffĂ©rence, lÂŽindiffĂ©rence La suite des paroles ci-dessous Peu Ă  peu nous a fait sombrerDans un monde froid et figĂ©Sans rĂ©sonanceQue reste-t-il de nos foliesOĂč le bonheur jouait sa vie?Et de nos rires insouciantsQui venaient au premier tourmentSĂ©cher les peinesQue lÂŽamour traĂźne?LÂŽindiffĂ©rence, lÂŽindiffĂ©rence, lÂŽindiffĂ©renceDe ce qui est, de ce qui futIl reste Ă  nos amours perdusDans leur silenceLÂŽindiffĂ©renceCe qui devait ĂȘtre un chef-dÂŽoeuvre La suite des paroles ci-dessous Notre amourJe ne sais par quel manoeuvreFut un fourNous offrons lÂŽimage dÂŽun coupleRĂ©signĂ©Nos sentiments flottent en eaux troubleAvortĂ©sLÂŽindiffĂ©rence, lÂŽindiffĂ©renceLÂŽindiffĂ©rence, lÂŽindiffĂ©renceQue reste-t-il de nos foliesOĂč le bonheur jouait sa vie?Et de nos rires insouciantsQui venaient au premier tourmentSĂ©cher les peinesQue lÂŽamour traĂźne?LÂŽindiffĂ©rence, lÂŽindiffĂ©rence, lÂŽindiffĂ©renceDe ce qui est, de ce qui futIl reste Ă  nos amours perdusDans leur silenceLÂŽindiffĂ©rence Les internautes qui ont aimĂ© "L'indifference" aiment aussi TonindiffĂ©rence m'est la pire des souffrances. A ce silence. Si tu pars je ne reste pas. Si t'abandonnes, je baisse les bras. Surtout ne m'en veux pas pour tout ce que je n'suis pas. Mais si t'avances, je viens vers toi. Si tu m'entends, rĂ©ponds-moi. Sans toi je ne prends pas cette vie construite pour moi.
Clip de la chanson d'Indochine "College Boy" rĂ©alisĂ© par Xavier Dolan et dĂ©criĂ© pour sa violence capture d'Ă©cran / montage Le Plus. La violence contre le jeune garçon va crescendo. Elle commence par des brimades multiples jet de boulettes de papier, saccage du casier etc.. Puis, c’est le passage Ă  tabac assorti d’humiliations diverses, et enfin l’organisation d’une crucifixion dans la cour du collĂšge. Non seulement, on crucifie le jeune garçon, mais en plus ses persĂ©cuteurs lui tirent dessus avec des armes Ă  feu, le tout devant un public qui regarde les yeux bandĂ©s. 1. La torture qu’est le harcĂšlement moral matĂ©rialisĂ©e visuellement Les images sont dures, mais trĂšs rĂ©vĂ©latrices. En effet, elles matĂ©rialisent une violence que l’on prĂ©fĂšre invisibiliser. La scĂšne finale rappelle les exĂ©cutions publiques. Sauf qu’elles Ă©taient faites pour ĂȘtre regardĂ©es afin de rĂ©affirmer la puissance de la norme aux yeux de tous. Ici, les visages sont tournĂ©s en direction de la crucifixion, mais les yeux sont bandĂ©s. On peut comprendre ces images comme la reprĂ©sentation d’une sociĂ©tĂ© qui, Ă  force de vouloir que tout soit aseptisĂ© et lisse, en arrive Ă  exĂ©cuter en place publique le dĂ©viant, mais en s’efforçant de rendre invisible la brutalitĂ© de l’acte. Ainsi, lorsqu’il s’agit de harcĂšlement moral, au mieux on a tendance Ă  ne pas Ă©couter rĂ©ellement la victime en minimisant ce qu’elle vit, au pire, on le nie totalement en la taxant de paranoĂŻaque. De cette façon, on l’enferme dans une prison dont les murs sont faits de silence, d’indiffĂ©rence et de solitude. 2. Briser l’indiffĂ©rence quotidienne Ce clip dĂ©nonce avant tout l’homophobie. Cependant, la violence qu’il montre peut s’appliquer Ă  bien des cas. On peut par exemple penser au harcĂšlement moral au travail ou Ă  la stigmatisation de n’importe quelle diffĂ©rence. Il renvoie alors chacun Ă  sa conscience en l’invitant Ă  se demander si un jour il a pris part Ă  ce genre de collaboration passive. Avons-nous dĂ©jĂ  optĂ© pour l’aveuglement volontaire afin de ne pas troubler notre petit confort quotidien ? Avons-nous dĂ©jĂ  ignorĂ© des cris de dĂ©tresse pour ne pas faire de vagues ? Ou combien de fois l’avons-nous fait ? Combien de fois avons-nous Ă©tĂ© lĂąches ? Autrement dit, coup de poing contre l’indiffĂ©rence, ce clip peut Ă©galement ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme un rappel Ă  la solidaritĂ©. Ce clip est un coup de poing contre l’indiffĂ©rence dans un autre sens. En effet, il suscite la polĂ©mique. C’est-Ă -dire qu’il fait parler. En cela, il peut contribuer Ă  briser la spirale du silence dans laquelle les victimes de harcĂšlement ou de stigmatisation sont enfermĂ©es. 3. Des images chocs qui rĂ©veillent nos consciences Le dĂ©bat porte beaucoup sur le recours Ă  la reprĂ©sentation de la violence. Est-elle contestable ? Si l’on suit Kafka qui Ă©crivait "On ne devrait lire que les livres qui vous mordent et qui vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous rĂ©veille pas d’un coup de poing sur le crĂąne, Ă  quoi bon lire ? Le livre doit ĂȘtre la hache qui brise la mer gelĂ©e en nous", on peut trouver justifiĂ©e l’utilisation de la violence. Car elle rĂ©veille le spectateur et l’invite Ă  la prise de conscience. Si l’on suit certaines campagnes de prĂ©vention routiĂšre, on peut Ă©galement considĂ©rer que la reprĂ©sentation de la violence est utile. On se souviendra d’un spot publicitaire diffusĂ© il y a quelques annĂ©es dans lequel on voyait un groupe de jeunes en train de rire et de s’amuser en voiture, puis arrivait le choc de l’accident. Brutal. On voyait alors les mĂȘmes jeunes morts. Leurs rires, leur insouciance, leur inconscience mĂȘme Ă©taient partis, fauchĂ©s par la mort. Le tĂ©lĂ©spectateur Ă©tait laissĂ© devant ce spectacle, invitĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  sa propre conduite. En regardant ce clip, on prend un coup de poing certes, mais un coup de poing salutaire. De l’ordre de celui qui rĂ©veille la conscience assoupie dans les habitudes du quotidien. Reste une derniĂšre question ces images peuvent-elles ĂȘtre vues par tous les publics ? Non, rĂ©pondent les concepteurs du clip. Puisqu’ils le font prĂ©cĂ©der d’un message avertissant que certaines images peuvent heurter les plus jeunes. Et de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, ce clip ne peut fonctionner qu’auprĂšs de personnes en Ăąge de rĂ©flĂ©chir sur eux-mĂȘmes en une prise de conscience.
Le6-9. - Le Bruit De Ton Silence. j'ai beau marquer des mots d'amour. a chaque page de ton cahier d'texte. toutes les nuits je rĂȘve du jour. oĂč j'recevrais ton SMS. et j'attends un signe de toi. avant qu'on rentre en interro. j'ai tatouĂ© ton nom sur mon bras.
Un distributeur d'histoires, comme un distributeur de friandises! J'adore l'idĂ©e. Dans ce temps clos de l'attente, pĂ©tri d'impatience, d'angoisse parfois, le rĂ©confort d'un petit papier doux ... [+] © Short Édition - Toute reproduction interdite sans autorisation La premiĂšre fois, quatre heures sonnaient quand ça a commencĂ©. Ils s'en souviennent, les habitants de ce village paumĂ© oĂč rien ne se passe jamais. Ils ont entendu les deux premiers coups frappĂ©s au clocher du village et les deux suivants ont Ă©tĂ© engloutis dans de longues notes lancinantes. C'Ă©tait une plainte immense, soufflĂ©e par un harmonica douloureux qui forçait les portes, poussait sa lamentation jusqu'au fond des maisons. Ce mois d'avril Ă©tait anormalement chaud, et la plupart des gens se tenaient au frais Ă  l'intĂ©rieur. Ils ont reconnu l'homme Ă  l'harmonica d'Il Ă©tait une fois dans l'Ouest. Puis les percussions les ont frappĂ©s au plexus, les cuivres ont vrillĂ© leur crĂąne. Mais d'oĂč ça venait ce bastringue d'enfer ? Qui Ă©tait le malade qui leur fracassait les tympans ? Ils ont cherchĂ©, tous ceux de la rue. Suspectant d'abord leur voisin. Mais non. Ni celui d'Ă  cĂŽtĂ© ni ceux d'en face. Une musique qui pulsait Ă  plein volume, qui poussait vers eux son Ă©boulement de pierrier. Les Ă©crasait. Impossible de dire de quelle maison ça venait. Il y a eu un imperceptible temps de silence et ils ont bien cru que c'Ă©tait fini. Mais alors ce sont les chansons qui sont arrivĂ©es dans une respiration d'avalanche. À pleins dĂ©cibels. À ne plus pouvoir s'entendre. Mais, c'est pas possible ! On va appeler les gendarmes, si ça continue. » Et ça continuait... À les malmener, Ă  les secouer. Et puis, les Ă©chos dĂ©multipliĂ©s d'Ennio Morricone ont ramenĂ© le dĂ©sert, la poussiĂšre, les grands manteaux et l'harmonica ; ça a ramenĂ© dans les rues ordinaires de ce village paumĂ©, un chagrin qu'on n'avait pas eu mais qui serrait encore la gorge, et puis ça s'est arrĂȘtĂ©. Net. Cinq coups frĂȘles ont sonnĂ© l'heure. C'Ă©tait fini. Comme si on sortait d'un rĂȘve. Juste avec cette pierre sur le cƓur. Alors, les gens se sont dĂ©foulĂ©s. Ça y est allĂ©, je peux vous le dire, les noms d'oiseaux, les menaces et les fanfaronnades ! Et puis le train-train a repris, les jardins ont Ă©tĂ© rĂ©investis, chacun pour soi. Jusqu'au quatre heures pile, Ă  croire que la musique tombait du clocher, les premiers sanglots poignants de l'harmonica ont dĂ©chirĂ© le silence. ForĂ© dans les tympans des habitants. Ça leur a mis un plomb sur la poitrine. La musique traversait les rues dĂ©sertes, charriait un chagrin trop grand, ils n'en voulaient pas. Et puis, Ă  nouveau, il s'est fait un minuscule silence avant les chansons qui les ont alpaguĂ©s. EntraĂźnĂ©s malgrĂ© eux dans des tourbillons sonores qui les Ă©reintaient, forçaient leurs souvenirs enkystĂ©s, y levant de vieux Ă©mois. Ce mĂ©gaphone d'ouragan ouvrait une brĂšche en eux, s'obstinant Ă  traverser l'oubli. C'Ă©taient des refrains des annĂ©es soixante qui avaient accompagnĂ© leurs vies dis-toi bien que tu vivais tes tendres annĂ©es... comment ne pas perdre la tĂȘte... non, je ne regrette rien... nous n'irons plus jamais, oĂč tu m'as dit je t'aime... une p'tite amourette un jour reviendra... » Vieux 33 tours qui tournaient comme un manĂšge fou dans une puissance de fĂȘte foraine... D'oĂč ça sortait donc cette kermesse infernale ? Quand mĂȘme, on n'avait pas idĂ©e de faire un barouf pareil ! C'Ă©tait insupportable ! Aucun respect pour les autres... Ça les empĂȘchait... De quoi ? De s'entendre ? Pas de se parler tout de mĂȘme, ils le faisaient si peu ! Et puis le vibrato lancinant de l'harmonica est revenu, traĂźnant son inconsolable chagrin. Et ça s'est arrĂȘtĂ©. Pile Ă  cinq heures. Comme dĂ©livrĂ©s d'un sortilĂšge, ils se sont Ă©brouĂ©s moulinant les mĂȘmes plaintes, les mĂȘmes colĂšres. Les femmes Ă©taient prises d'un Ă©trange vertige, troublĂ©es par les images qu'elles avaient senties palpiter dans les fonds oubliĂ©s. Mais les hommes, Ă  qui on ne la fait pas, se refusaient Ă  ces Ă©chos intĂ©rieurs, clamant juste leur dĂ©sir de reprĂ©sailles. À force de dĂ©ductions, ils ont fini par savoir. Ça venait de chez CĂ©leste Montclair. — Mais, je croyais qu'elle Ă©tait morte, non ? — Si, si. Et pourtant les fenĂȘtres sont ouvertes au grand large. — Des squatteurs ?— Quand mĂȘme pas ! — Notez qu'aujourd'hui, on peut s'attendre Ă  tout... Et ainsi dura l'assourdissante fanfare, des jours et des jours, Ă  les tournebouler. Jusqu'au treiziĂšme jour. Dans la rue, ils sont prĂȘts prĂȘts Ă  rĂ©criminer. Cette colĂšre, ça les galvanise, on dirait presque que ça les rapproche. Les quatre coups s'Ă©grĂšnent dans un ciel d'avril chauffĂ© Ă  blanc. Pas d'harmonica. Les voilĂ , Ă  tendre l'oreille. Les minutes passent, lentes. Rien. Juste le silence froissĂ© par un vent paresseux. Il est cinq heures. Il ne se passera plus rien aujourd'hui. Eh ben, bon dĂ©barras ! » a lancĂ© l'un. Bien dit ! » a rĂ©pondu un autre. Ils ne savent pas qu'ils sont déçus. Ils dorment mal, cette nuit-lĂ . Le lendemain, Ă  mesure qu'on approche de l'Heure, ils sont fĂ©briles. Ils sont dehors. Ils font ceux qui jardinent, qui taillent, mais personne n'est dupe. Quatre heures. MĂȘme silence que la veille. Pas une seule note. Par-dessus les haies, les voisins se haranguent. On dirait qu'il a compris, le petit malin, non ? » Compris ? En tout cas, les voilĂ  dĂ©semparĂ©s, eux qui n'ont cessĂ© de pester. Les voilĂ  privĂ©s de quelque chose qu'ils n'ont pas su laisser remonter Ă  la surface, tout occupĂ©s qu'ils Ă©taient Ă  revendiquer leur droit Ă  la tranquillitĂ©. Ces musiques de leur jeunesse, lancĂ©es Ă  pleine puissance, ont forĂ© dans la corne Ă©paisse de leur cƓur, levant une buĂ©e de nostalgie, une bouffĂ©e indĂ©finissable de rĂȘve, l'Ă©cho si doux de la vie. Un manque s'installe qu'ils refusent de nommer. Quelque chose qui s'Ă©tait mis Ă  frĂ©mir au fond d'eux-mĂȘmes vient de disparaĂźtre. L'adolescent qui Ă©tait venu rendre un dernier hommage Ă  sa grand-mĂšre est parti. Il a refermĂ© les volets gris. La boĂźte Ă  musique s'est tue. Les jours de plomb reprennent ; dans le village, chacun a remis en branle sa petite musique celle de l'indiffĂ©rence. Parolesde L'indiffĂ©rence. Les mauvais coups, les lĂąchetĂ©s, quel importance. Laisse moi te dire, laisse moi te dire et te redire ce que tu sais. Ce qui dĂ©truit le monde c'est, l'indiffĂ©rence. Et la
9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 1229 Il y a peu, une "amie de chansons" m'a envoyĂ© ce texte de Jacques Brel que vous connaissez certainement mais qu'il est bon de relire et de se rĂ©pĂ©ter ensuite. Je vous souhaite des rĂȘves Ă  n'en plus finir, et l'envie furieuse d'en rĂ©aliser quelques-uns. Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer, et d'oublier ce qu'il faut oublier. Je vous souhaite des passions. Je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d'oiseaux au rĂ©veil et des rires d'enfants. Je vous souhaite de rĂ©sister Ă  l'enlisement, Ă  l'indiffĂ©rence, aux vertus nĂ©gatives de notre Ă©poque. Je vous souhaite surtout d'ĂȘtre vous. Jacques Brel, le premier Janvier 1968, sur Europe 1 Published by Pierrot - dans Chanson au quotidien
Cest le bruit de ma tĂȘte quand je pense Ă  toi Mais tu t'en tapes Tu nies ma souffrance par un silence radio J'te demande pardon mais peu importe J'sais que c'est pas bon mais faut que ça sorte Et ça te touche pas, je suis seul au fond J'entends ta voix qui tourne en rond De l'indiffĂ©rence, de l'indiffĂ©rence, de l'indiffĂ©rence Mais dis-moi

Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteurs Texte intĂ©gral 1Apparent paradoxe au regard de son titre, la revue Mots. Les langages du politique a retenu le silence en politique » comme dossier de ce numĂ©ro. 1 Voir l’incident rapportĂ© par Saville-Troike citĂ©e par Bilmes, 1996, p. 136 sur l’incomprĂ©hension ... 2 Ces deux premiers exemples littĂ©raires sont retenus pour leur caractĂšre archĂ©typique, mais il va de ... 2Le silence est gĂ©nĂ©ralement dĂ©fini par la nĂ©gative ou l’absence, opposĂ© Ă  la parole – fait de ne pas parler, de rester sans parler ; de ne pas exprimer son opinion, de ne pas rĂ©pondre », etc. – ou au bruit – absence de bruit, d’agitation ; interruption de son », etc. Le Petit Robert, 1982, p. 1814. Il est souvent associĂ© au vide et Ă  l’inertie. Pour autant, le silence n’est pas nĂ©cessairement dĂ©pourvu de sens. Il est d’abord diversement perçu selon les Ă©poques et les cultures Tannen, Saville-Troike, 1985 ; Bilmes, 1996, p. 132 ; Le Breton, 1997, p. 55 ; Breton, Le Breton, 2009, p. 31. Il peut ensuite ĂȘtre interprĂ©tĂ© diffĂ©remment d’aprĂšs les situations la rĂ©ponse par le silence Ă  une question n’a pas la mĂȘme signification en tout lieu ; il vaut accord Wyborski, 1988 ou acquiescement, comme en droit le plus souvent, selon le principe Qui ne dit mot consent », mais peut aussi traduire le refus ou la dĂ©sapprobation1. Il peut aussi ĂȘtre l’indice d’états psychologiques variĂ©s la peur – le silence de ChrysĂšs devant Agamemnon au dĂ©but de l’Iliade Montiglio, 1993, p. 161 et suiv. –, le repli sur soi dans le rejet de la communication – le silence d’Ajax face Ă  Ulysse au livre XI de l’OdyssĂ©e2 –, mais aussi la confusion, le respect, la timiditĂ©, l’impuissance, le mĂ©pris, la gĂȘne ou l’embarras, etc. Le silence est donc valorisĂ© ou dĂ©prĂ©ciĂ© en fonction des circonstances il en est en effet oĂč il convient, voire il est impĂ©ratif de parler, et d’autres oĂč il est prĂ©fĂ©rable ou recommandĂ© de se taire. ReprĂ©sentations sociales et axiologie du silence dans la parole 3La langue française regorge d’expressions relatives au silence, rĂ©vĂ©latrices de l’ambiguĂŻtĂ© que nous venons de rappeler. Les cooccurrents dĂ©terminent alors l’inscription axiologique du mot. Pour ne retenir que quelques cas en sĂ©lectionnant des occurrences saisies en contexte politique, citons, sur le versant nĂ©gatif, qui reste le plus nourri 3 Serge Charbonneau, sur le blog [ ... silence complice Honduras dĂ©sinformation et silence complice » [des mĂ©dias]3 ; 4 Masin, 18 avril 2008, sur un site berbĂ©riste exprimant une opposition aux chefs kabyles [http//www ... silence coupable Le silence coupable des hommes politiques kabyles »4 ; 5 PrĂ©sentation sur le site [ du livre AZF, un silence d’Éta ... silence obstinĂ© Cette enquĂȘte rigoureuse, menĂ©e en dĂ©pit de mille obstacles, explique la genĂšse et les raisons d’un scandale le silence obstinĂ© de l’État »5 ; 6 Blog [ c. le 4 septem ... Ă©trange silence L’étrange silence de Besson sur la politique d’immigration d’Hortefeux »6 ; 7 D’origine militaire, cette expression sert en fait trĂšs frĂ©quemment Ă  accuser les politiques ou les ... 8 Un blogueur catalan dĂ©nonçant cette agression par des voyous d’origine maghrĂ©bine » et le silence ... silence radio7 Un prĂȘtre agressĂ© silence radio des politiques et des mĂ©dias »8 ; 9 4 mai 2009. passer sous silence Katyn, l’histoire d’un massacre passĂ© sous silence »9. 10 La candidate verte Eva Joly Ă  la prĂ©sidentielle, Ă  propos de la violation des droits de l’homme au ... 11 Voir 27 aoĂ»t 2009. 12 Il est Ă©voquĂ© dans certaines paroles – certes ironiques – de la chanson populaire française On nou ... 4Face Ă  de tels problĂšmes, dossiers ou Ă©vĂ©nements, s’exprimer est ressenti comme une nĂ©cessitĂ© ou un devoir, ce que consacrent des expressions comme on ne peut pas rester silencieux On ne peut pas rester silencieux au prĂ©texte de nos relations commerciales avec la Chine »10, on n’a pas / plus le droit de se taire
 “On n’a pas le droit de se taire devant la crise qui s’organise” a dit Nicolas Sarkozy »11, etc. Ces expressions renvoient dans la plupart des cas Ă  des protestations diffuses contre la passivitĂ©, la lĂąchetĂ©, le manque de transparence, la culture du secret, la rĂ©tention d’information. Elles visent ceux qui devraient s’exprimer pour soutenir ceux qui souffrent en silence ». L’objectif est de dĂ©noncer l’exaction, le crime, le gĂ©nocide, la dictature, l’injustice ou encore la censure, lorsque la sociĂ©tĂ© est rĂ©duite au silence » ou mise sous silence » Puccinelli-Orlandi, 1996. Georges Balandier 1985 complĂšte avec justesse un premier constat – Les gouvernants sont gens du secret, parfois justifiĂ© par la raison d’État » – par un second et les gouvernĂ©s savent que “des choses leur sont cachĂ©es” ». Ce sentiment largement partagĂ©12 d’une dĂ©sinformation organisĂ©e parfois liĂ© aux thĂ©ories du complot est au fondement d’une partie des expressions dĂ©jĂ  citĂ©es, et d’autres comme la loi / la conspiration du silence, faire le silence sur une affaire, se rĂ©fugier dans le silence
 13 Ex. Front des forces socialistes “Le pouvoir ne peut pas acheter le silence des AlgĂ©riens” » ... 14 Ex. [Jean-François CopĂ©, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’UMP] a dĂ©noncĂ© hier la “loi du silence” des re ... 15 Ou, selon les auteurs, maximes conversationnelles, rĂšgles rhĂ©torico-pragmatiques
 On pense par exem ... 16 Parmi les sites trĂšs frĂ©quentĂ©s, il n’y a que l’embarras du choix par exemple [ ... 17 Voir [ c. le 14 juin 2010. 18 Il est symptomatique qu’une revue Ă©cologiste et alternative lyonnaise, qui compte actuellement prĂšs ... 19 Voir par exemple Le silence d’Ingrid Betancourt est sa “meilleure rĂ©ponse” » 19 ... 5Mais autant acheter le silence »13 des opposants ou des tĂ©moins notamment est a priori condamnable, comme l’est la conspiration du silence », autant il peut paraĂźtre nĂ©cessaire de sortir [enfin
] de son silence » ou lĂ©gitime de briser le silence », de rompre la loi du silence »14. L’éthique dĂ©termine des domaines, prĂ©figure des situations oĂč ce que l’on attend est plutĂŽt de l’ordre du formulĂ©, ou plutĂŽt de l’ordre de la rĂ©serve. Le silence sera valorisĂ© ou pĂ©jorĂ© en fonction de cette attente sociale. Et il en va de mĂȘme des lois du discours, qui conduisent les interlocuteurs Ă  adopter une attitude collaborative oĂč le silence joue son rĂŽle15. À l’opposĂ© du pĂŽle nĂ©gatif, on trouve donc nombre de dictons ou proverbes Le Breton, 1997, p. 72, mais aussi de contes et de mythes, qui vantent les vertus du silence au-delĂ  du silence ascĂ©tique ou religieux, les premiĂšres expressions venant Ă  l’esprit sont La parole est d’argent, le silence est d’or », ou encore Il y a un temps pour se taire, comme il y a un temps pour parler » prĂ©cepte 2, Dinouart, 1987 [1771], ­chapitre 1, p. 65. Nombre de ­citations cĂ©lĂšbres »16 qui fleurissent sur la Toile font l’éloge du silence. Couramment opposĂ© au bruissement de la sociĂ©tĂ© moderne, au bavardage inutile », Ă  la parole vide » ou Ă  la logorrhĂ©e », il est plĂ©biscitĂ© comme un moment d’écoute et d’attention Ă  l’autre, de rĂ©flexion, de rĂ©sistance. Dans la lignĂ©e des manifestations silencieuses » mode de rĂ©sistance passive et pacifique, sans slogan ou des marches silencieuses » – aprĂšs la Marche du sel de Gandhi –, les frĂšres franciscains de Toulouse ont expĂ©rimentĂ© en 2008 les cercles de silence » pour protester contre les conditions de vie des Ă©trangers en situation irrĂ©guliĂšre dans les centres de rĂ©tention17. Et la mode que connaissent en Occident la mĂ©ditation, les cures de silence » ou encore la randonnĂ©e dĂ©sertique, recyclages des expĂ©riences trappistes ou Ă©rĂ©mitiques, souligne d’une autre maniĂšre la positivitĂ© accordĂ©e de nos jours au silence18. Au-delĂ  de ces faits langagiers et psychologiques, il n’est pas jusqu’aux techniques, avec le dĂ©veloppement contemporain des dispositifs de protection contre le bruit lĂ©gislation du travail, Ă©quipements personnels, normes de construction, qui n’attestent ce phĂ©nomĂšne. Le silence est d’ailleurs plus systĂ©matiquement valorisĂ© lorsqu’il est opposĂ© au bruit que lorsqu’il l’est Ă  la parole, puisqu’il est des situations, on l’a dit, oĂč il convient d’énoncer. Les contre-exemples qui manifestent une pĂ©joration du silence en regard du bruit sont rares et renvoient Ă  des situations particuliĂšres ou Ă  des expĂ©riences peu enviables on parle alors d’un silence de mort / de cimetiĂšre / glacial. C’est aux bruits », d’ailleurs, que sont associĂ©es sĂ©mantiquement les rumeurs », vis-Ă -vis desquelles il est positif de garder / conserver le silence, s’imposer le silence ou observer un silence prudent19. 20 Voir, sur un site du MoDem, la dĂ©ploration du silence assourdissant des commentateurs » face Ă  l ... 6Si les silences sont multiformes et polysĂ©miques, silence et parole restent organiquement tissĂ©s l’un Ă  l’autre, insĂ©parables comme les deux faces d’une mĂȘme piĂšce de monnaie. C’est ce dont tĂ©moignent d’ailleurs les oxymores comme silence Ă©loquent, silence qui en dit long qui peuvent se passer des mots, ou l’expression plus pĂ©jorative silence assourdissant20 Revaz, 2009, p. 6. Il faut certes enfreindre la rĂšgle du silence, par la parole, pour l’énoncer » Courtine, Haroche, 1987, p. 17, mais la parole a, comme la musique VaquiĂ©-Mansion, 2009, p. 251 et suiv., besoin de silences. Quelle place alors, et quelle importance, accorder au silence dans l’analyse du discours ? Envers de la parole, point aveugle ou, au contraire, partie fonctionnelle et structurante du discours, composant essentiel des Ă©noncĂ©s, Ă©lĂ©ment constitutif de la communication, mĂ©canisme producteur du sens, matiĂšre signifiante par excellence » Puccinelli-Orlandi, 1996, aboutissement suprĂȘme du langage » Le ClĂ©zio, 1967, p. 192 ? Silence syntagmatique et silence paradigmatique21 21 Nous empruntons cette distinction Ă  Michel Le Guern, 2008. 22 À propos des limites du langage pour dire la vĂ©ritĂ© du monde, voir le premier Wittgenstein, 1993 [1 ... 23 Ces aspects ont Ă©tĂ© abordĂ©s dans le numĂ©ro 56 de la revue Mots La Shoah, silence
 et voix », pa ... 7Au-delĂ  de ces interrogations et des expressions mentionnĂ©es plus haut, ce dossier vise particuliĂšrement les usages et les interprĂ©tations des silences dans le discours politique. On l’a centrĂ© sur le silence au sens propre, c’est-Ă -dire sur l’interruption du flux de la voix, et sur le commentaire mĂ©diatique notamment Revaz, 2009 qui en est fait, plutĂŽt que sur le non-dit Van den Heuvel, 1985, p. 78 et suiv., l’implicite, l’indicible22, l’ineffable ou le refoulĂ© des discours23, dont le rapport au silence est plus mĂ©taphorique. 24 Les Ă©tudes sur le sujet distinguent en gĂ©nĂ©ral les pauses silencieuses, qui prennent la forme d’une ... 8On pense ainsi Ă  l’analyse des silences dans les duels, dĂ©bats et conversations politiques. Ils s’y manifestent d’abord par le simple fait que les Ă©noncĂ©s y sont soumis aux contraintes prosodiques communes, destinĂ©es Ă  rendre intelligible tout message bien formĂ© ; c’est la dimension syntagmatique du silence des pauses silencieuses24, incorporĂ©es Ă  un dispositif prosodique complexe intonation, intensitĂ© articulatoire, pente mĂ©lodique, dĂ©bit, y remplissent diffĂ©rentes fonctions. Sur ce plan proprement locutoire, certaines d’entre elles sont grammaticales elles dĂ©marquent les propositions et les syntagmes afin d’en manifester la cohĂ©sion et de permettre l’analyse et la comprĂ©hension du message. D’autres apparaissent Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme d’un syntagme et tĂ©moignent de l’opĂ©ration de sĂ©lection et d’encodage effectuĂ©e par le sujet parlant ce sont les pauses d’hĂ©sitation produites devant des lexĂšmes abstraits ou techniques, par exemple. Mais au-delĂ  de l’activitĂ© combinatoire visant Ă  Ă©laborer un Ă©noncĂ©, le silence intervient pour rĂ©guler les tours de parole associĂ© Ă  des signaux linguistiques et mimo-gestuels, il crĂ©e l’intervalle temporel – gap, switching pause
 Kerbrat-Orecchioni, 1998, p. 162 oĂč s’effectue, idĂ©alement, le changement de locuteur. La distribution des silences dans le discours peut alors donner lieu Ă  des stratĂ©gies de nĂ©gociation ou de dĂ©jouement, et le silence prĂ©visible se voir dĂ©caler de telle sorte que le locuteur prolonge sa mainmise sur la parole. 25 Voir Ă  ce sujet les remarques de Pierre LĂ©on 1993, p. 167-169 sur la prosodie oratoire dans les d ... 9ArticulĂ©e aux rĂšgles de formation des Ă©noncĂ©s et au dispositif rĂ©gissant les interactions, c’est alors la dimension stylistique et rhĂ©torique du silence qui se profile introduit au sein d’un constituant pour isoler un mot, une expression, il rend ceux-ci plus saillants ; prolongĂ© en fin de syntagme, il peut baliser avec force une progression argumentative dans un discours didactique, entre autres ; augmentant en frĂ©quence, exagĂ©rĂ© dans ses durĂ©es, il contribue Ă  marquer le discours du sceau de la solennitĂ©25
 DĂšs lors, le silence n’apparaĂźt plus seulement comme le lieu d’une jointure, d’une articulation du sens ou des rĂŽles conversationnels il fait l’objet d’un travail pour lui-mĂȘme, gagne en substance sĂ©mantique et, s’intĂ©grant ainsi Ă  un dispositif paradigmatique, il prend part Ă  la construction de l’ethos de l’orateur. Dans cette perspective et selon les situations de discours, la multiplication et l’allongement des pauses silencieuses agissent comme symbole du pouvoir pour le locuteur dominant, tandis que de pseudo-pauses d’hĂ©sitation, parfaitement conscientes, peuvent correspondre ailleurs Ă  une stratĂ©gie de l’homme politique qui veut donner une impression de simplicitĂ© » Duez, 1991, p. 149. SĂ©mantisation et ambiguĂŻtĂ©s du silence 26 Voir les images dans le documentaire Coupez le son. Le charisme politique, Thierry Berrod, Canal+ ... 27 Ibid. En revanche, la cĂ©lĂšbre rĂ©plique frĂ©quemment prĂȘtĂ©e Ă  Georges Marchais Taisez-vous Elkabba ... 28 Il s’agit, on se le rappelle, du cas de cette enseignante qui, aprĂšs une aventure avec l’un de ses ... 10Bien sĂ»r, comme pour ce qu’il est convenu d’appeler les dĂ©rapages verbaux, tous les silences des locuteurs politiques ne sont pas volontaires ni contrĂŽlĂ©s, et ils peuvent toujours faire l’objet d’interprĂ©tations variĂ©es ou contradictoires. Prenons le cas du bref silence, trĂšs remarquĂ©, que s’accorde François Mitterrand le 22 mars 1988, avant de rĂ©pondre par un oui Ă  la question du journaliste Henri Sannier concernant sa nouvelle candidature Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique Journal de 20 heures d’Antenne 226 la mimique, la gestuelle, l’inflexion prosodique et enfin ce silence qui feint l’hĂ©sitation ou le soupĂšsement, affectent le mot d’une naturalitĂ© jouĂ©e, et constituent sur le plan sĂ©miotique l’affichage d’une libertĂ© ou d’un dĂ©tachement vis-Ă -vis des circonstances – c’est-Ă -dire en dernier ressort l’exhibition du vrai pouvoir. Cette mince entaille dans le flux du dialogue construit l’ethos de celui qui maĂźtrise le rythme, mĂšne le jeu, dĂ©cide ou non de laisser du temps au temps » et peut se permettre, dans ce contexte unique et solennel, de rĂ©tablir quelques fractions de seconde supplĂ©mentaires un suspens qui n’en Ă©tait plus un. D’autres silences plus ou moins cĂ©lĂšbres prĂ©sentent un caractĂšre bien diffĂ©rent au tournant des annĂ©es soixante-dix/quatre-vingt, ceux du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du PCF Georges Marchais Ă  la tribune d’un meeting ou face Ă  un journaliste traduisent plus manifestement ses hĂ©sitations ou la perte du fil de sa pensĂ©e27. Le silence prolongĂ© du prĂ©sident Pompidou lors d’une confĂ©rence de presse de 1969, aprĂšs la question d’un journaliste sur son sentiment personnel Ă  propos de l’affaire Gabrielle Russier28, peut ĂȘtre entendu ou vu » diffĂ©remment soit comme un signe de son embarras face Ă  la question ou Ă  l’affaire, soit comme une incertitude sur la meilleure rĂ©plique Ă  apporter, soit comme un moment pris pour puiser dans sa mĂ©moire. Sur le plan rhĂ©torique, on ne saurait exclure que dans un tel cas, le locuteur joue prĂ©cisĂ©ment de cette ambiguĂŻtĂ© afin de susciter l’attitude active de l’auditoire, et donne Ă  son silence un caractĂšre persuasif en renvoyant les destinataires au questionnement qui fait le fond de son message. Mentionnons pour finir l’ Ă©tonnant silence » Coulomb-Gully, 2009, p. 31 de SĂ©golĂšne Royal, immobile et muette pendant quatre interminables minutes lors du meeting de Vitrolles le 29 septembre 2006, au cours duquel elle se dĂ©clare candidate Ă  l’investiture du PS les lectures renvoient le plus souvent au cĂŽtĂ© hiĂ©ratique de la personnalitĂ©, mais la recherche d’ inspiration » – au sens Ă©videmment non physiologique du terme
 – ou le besoin de communion avec le public sont Ă©galement invoquĂ©s. Le silence rhĂ©torique ou l’art de rarĂ©fier la parole 29 La prĂ©tĂ©rition est le sacrifice imaginaire d’un argument. On Ă©bauche ce dernier tout en annonçant ... 30 Ibid. 31 CitĂ© par Le Guern, 2008, p. 41. 11La tradition rhĂ©torique a depuis les origines envisagĂ© le silence, et cela de diffĂ©rentes façons. La taxonomie traditionnelle lui associe plusieurs figures l’aposiopĂšse, l’ellipse, ou ce jeu dĂ©ceptif avec le silence qu’est la prĂ©tĂ©rition par exemple29. La rĂ©ticence, rĂ©pertoriĂ©e parmi les figures de pensĂ©e, permet quant Ă  elle Ă  l’orateur d’évoquer une idĂ©e tout en laissant le dĂ©veloppement Ă  l’auditeur »30. C’est, selon Nicolas BeauzĂ©e, un moyen d’en faire imaginer beaucoup plus qu’on ne se serait permis d’en dire »31. Les pauses silencieuses qui charpentent toute interaction discursive, liĂ©es au dĂ©bit, au rythme, sont envisagĂ©es sous l’angle de l’actio. Les pauses Ă  caractĂšre paradigmatique concernent Ă  la fois l’elocutio et l’inventio Le Guern, 2008, p. 39. Les traitĂ©s envisagent la rĂ©tention dĂ©libĂ©rĂ©e et prolongĂ©e de la parole dans certaines circonstances sociales dans son ouvrage de 1771, L’art de se taire – qui est en rĂ©alitĂ©, selon Courtine et Haroche 1987, un art de parler » ou de faire quelque chose Ă  l’autre par le silence » –, l’abbĂ© Dinouart, tout en dĂ©fendant la religion et le Prince, prĂ©conise un modĂšle de conduite sociale gouvernĂ© par la prudence » et la rĂ©serve le silence politique est dĂ©fini comme celui d’un homme prudent, qui se mĂ©nage, se conduit avec circonspection, qui ne s’ouvre point toujours, qui ne dit pas tout ce qu’il pense, qui n’explique pas toujours sa conduite et ses desseins ; qui sans trahir les droits de la vĂ©ritĂ©, ne rĂ©pond pas toujours clairement, pour ne point se laisser dĂ©couvrir » p. 71. Savoir se taire ou du moins parler peu permet de maĂźtriser ses passions et de ne pas se dĂ©voiler. Et, pensant par exemple au no comment des diplomates et des porte-parole, on conçoit qu’il a toujours existĂ© des usages stratĂ©giques et tout un art du silence » qui serait une partie de l’art politique Balandier, 1985. Ce qui n’est pas dit contribue Ă  la mise en relief des mots du pouvoir observant les SĂ©noufo de CĂŽte d’Ivoire, l’anthropologue Jean Jamin relevait, dĂšs 1977, que si le chef est bien le maĂźtre des mots, il est en mĂȘme temps [celui] des silences et des secrets ». Et comme le remarque justement Le Breton, le goĂ»t de la plupart des sociĂ©tĂ©s pour l’éloquence n’empĂȘche pas la valeur de la parole [de prendre] sa mesure dans l’enrobement du silence qui l’accompagne » 1997, p. 75. 32 Voir le documentaire Coupez le son. Le charisme politique, citĂ© supra. 12RarĂ©fier la parole est sans doute une façon de la valoriser, ce que laisse entendre une remarque de Michel Rocard, qui demandait en 1988 aux ministres de son gouvernement de parler peu et d’agir efficacement » AbĂ©lĂšs, 1990, p. 54 Vous savez, la parole use. Pour qu’on Ă©coute, il la faut relativement rare, mĂȘme en pĂ©riode Ă©lectorale. »32 L’ancien Premier ministre accrĂ©dite en l’occurrence un autre prĂ©cepte de certains communicants politiques crĂ©er la raretĂ© de la prĂ©sence discursive pour en susciter le dĂ©sir. On reconnaĂźt lĂ  une stratĂ©gie dĂ©fendue par Jacques Pilhan, conseiller en communication des prĂ©sidents Mitterrand en 1984 puis Chirac dix ans plus tard. Sans se faire l’apĂŽtre d’un silence absolu, ce qui serait une façon de scier la branche sur laquelle le professionnel est assis, le conseiller montre tout le bĂ©nĂ©fice qu’un leader politique peut tirer de son absence momentanĂ©e des mĂ©dias 33 L’écriture mĂ©diatique. Entretien avec Jacques Pilhan », Le DĂ©bat, no 87, p. 4-5. Le citoyen, bombardĂ© de messages, vit dans le bruit permanent des mĂ©dias. En tant qu’homme public, si je parle souvent, je me confonds avec le bruit mĂ©diatique. La frĂ©quence rapide de mes interventions diminue considĂ©rablement l’intensitĂ© du dĂ©sir de m’entendre et l’attention avec laquelle je suis Ă©coutĂ©. Si, en revanche, je me tais pendant un moment, le dĂ©sir de m’entendre, compte tenu du fait que je suis, par exemple, prĂ©sident de la RĂ©publique va s’aiguiser. L’attention qu’on va prĂȘter Ă  mes paroles va ĂȘtre considĂ©rable. La diffĂ©rence entre le signal que j’émets et le bruit ambiant sera trĂšs importante. Il y aura beaucoup de reprises dans les mĂ©dias, beaucoup d’impact dans l’opinion. C’est ce qui va me donner le statut de leader par rapport aux acteurs trop prĂ©sents dont le message fait partie du bruit public. Si, aprĂšs avoir tendu le dĂ©sir qu’a l’opinion de m’entendre par un silence relatif, je concentre plusieurs interventions sur une pĂ©riode courte, l’impact sera encore renforcĂ© et mon statut de leader accru. Il ne s’agit pas de faire l’apologie du silence, comme on l’a cru ! Je ne suis pas un thĂ©oricien du silence, je pratique des ruptures de rythme – le silence qui prĂ©pare Ă  de trĂšs fortes intensitĂ©s d’intervention dont le relief confĂšre le statut de leader Lieux et contextes, paradoxes et tensions du silence en politique 34 Il dĂ©clare avec solennitĂ© Je voudrais, parce que les silences sont souvent plus pesants que les ... 35 DiffĂ©rentes affiches du Rassemblement national ou du FN dans les annĂ©es quatre-vingt ont reprĂ©sentĂ© ... 13Mais si les paroles, dans ces conditions, tirent plus de poids du silence, la rĂ©ciproque est vraie Le silence est Ă©loquent Ă  condition que les paroles qui l’entourent soient elles aussi Ă©loquentes » Le Guern, 2008, p. 43, ou que la situation d’énonciation soit instrumentalisĂ©e avec la compĂ©tence pragmatique requise. L’interprĂ©tation des silences dĂ©pend ainsi de donnĂ©es contextuelles qui peuvent leur communiquer une signification complexe. On songe au silence rĂ©clamĂ© et observĂ© par Jean-Marie Le Pen, lors de l’émission L’heure de vĂ©ritĂ© sur Antenne 2, le 13 fĂ©vrier 1984 en rĂ©action Ă  l’initiative du ministre socialiste des Relations extĂ©rieures, Claude Cheysson, qui venait de proposer une minute de silence au Parlement europĂ©en Ă  l’annonce du dĂ©cĂšs du prĂ©sident de l’URSS, Youri Andropov, le chef du Front national, imitĂ© par ses invitĂ©s, se lĂšve et dĂ©clare vouloir rendre hommage par le mĂȘme moyen aux victimes du communisme34. Il reste ainsi muet quelques instants, impassible en dĂ©pit des questions du journaliste Albert du Roy, qui s’évertue Ă  l’interroger. Le silence est alors politique Ă  deux niveaux au moins il donne corps Ă  la protestation anticommuniste annoncĂ©e, mais aussi théùtralise le caractĂšre indomptable du leader frontiste, qui ne saurait se soumettre au rituel bien rodĂ© de l’interview conduite dans le cadre, prĂ©sumĂ© hostile, d’un mĂ©dia de l’ establishment ». L’invitĂ© s’impose en imposant son propre silence Jean-Marie Le Pen renverse au passage la relation hiĂ©rarchique au sein de l’interlocution et affirme son emprise sur le rythme et le dĂ©roulement du dialogue. Inversion de sens et de valeur cette attitude mutique mais Ă©loquente est paradoxalement adoptĂ©e au moment prĂ©cis oĂč les journalistes donnent la parole Ă  celui qui se plaint d’ĂȘtre la victime d’une censure politico-mĂ©diatique », et dont le parti diffuse des affiches reprĂ©sentant le dirigeant du FN bĂąillonnĂ©35, comme rĂ©duit ou condamnĂ© au silence » par le systĂšme. D’un cĂŽtĂ©, s’arroger le droit au silence dans un lieu de parole ; de l’autre, protester au motif de n’avoir pas voix au chapitre dans le dĂ©bat politique dans les deux cas, le silence mis en scĂšne est au cƓur de la communication, tĂ©moignant de sa plasticitĂ© symbolique. 36 Si le Code Ă©lectoral art. R 48 prohibe les discussions et dĂ©libĂ©rations des Ă©lecteurs Ă  l’intĂ©rie ... 14MĂ©ritent donc une attention particuliĂšre tous les lieux et circonstances oĂč le silence s’affiche, et spĂ©cialement ceux oĂč il prend une forme cĂ©rĂ©monielle, ritualisĂ©e ou institutionnalisĂ©e, sans qu’on recoure pour autant Ă  un fonctionnaire, comme l’était le silenciaire », chargĂ© de veiller Ă  la discipline et au respect du silence autour des empereurs romains puis byzantins Delmaire, 1995, p. 38 et suiv.. Les minutes » de silence qui viennent d’ĂȘtre Ă©voquĂ©es se dĂ©veloppent aprĂšs la premiĂšre guerre mondiale mais seront sujettes Ă  des variations nationales. L’évolution de leur durĂ©e, qui tend Ă  ĂȘtre raccourcie en France, Ă  l’inverse du monde anglo-saxon, tĂ©moigne des diffĂ©rences sociales et culturelles quant au rapport au temps et aux hommages. On songe aussi bien sĂ»r au silence qui s’impose, comme dans des lieux sacrĂ©s, Ă  l’intĂ©rieur des bureaux de vote36 alors que le silence des urnes », lui, est si souvent dĂ©plorĂ© par les acteurs et commentateurs politiques, ou bien encore aux fonctions soumises Ă  un devoir de rĂ©serve, notamment Ă  la Grande Muette » voir Bryon-Portet, 2006. 37 Sans compter celle de l’exit forcĂ© du membre du gouvernement volubile et surtout trop critique le
 ... 38 Voir Albert O. Hirschman, Exit, Voice, and Loyalty Responses to Decline in Firms, Organizations, ... 39 Voir la vidĂ©o Dailymotion » sur le site [ ... 15Évoquant les sociĂ©tĂ©s modernes, dites de la politique-spectacle, Georges Balandier 1985 oppose avec beaucoup de perspicacitĂ© le silence du centre, oĂč s’effectue le gouvernement » l’essentiel de la politique et le bruit fait sur la pĂ©riphĂ©rie » les manifestations publiques du pouvoir, l’apparence, c’est-Ă -dire l’accessoire. Et il conclut que la prolixitĂ© sur l’accessoire masque [
] le silence sur l’essentiel, en partie ou en entier ». On pense Ă  ce titre Ă  la discrĂ©tion imposĂ©e aux ministres tentĂ©s par la critique des orientations de leurs chefs et rappelĂ©s au respect du principe de solidaritĂ© gouvernementale. Chacun a en mĂ©moire la phrase prononcĂ©e par le ministre de la Recherche et de l’Industrie, Jean-Pierre ChevĂšnement, en mars 1983 Un ministre, ça ferme sa gueule, et si ça veut l’ouvrir, ça dĂ©missionne. » Il choisira un mois plus tard de ne plus taire ses divergences politiques sur le tournant de la rigueur » en quittant le gouvernement Mauroy. Pourtant, du moins si l’on en croit d’autres dĂ©clarations ministĂ©rielles, cette alternative entre l’exit ou la loyautĂ© silencieuse n’exclurait pas une troisiĂšme37 option la prise de parole Voice38 pour manifester son mĂ©contentement, position plutĂŽt inconfortable et prĂ©caire dans le cadre des pratiques politiques françaises. Ainsi, cherchant Ă  justifier le maintien des Ă©cologistes dans le gouvernement Ayrault tout en dĂ©fendant une conception active et loquace de la prĂ©sence gouvernementale, la ministre de l’ÉgalitĂ© des territoires et du Logement, CĂ©cile Duflot, tente de retourner la formule originale, lors des journĂ©es d’étĂ© d’Europe Écologie - Les Verts, le 22 aoĂ»t 2013, en la rĂ©actualisant et en la fĂ©minisant. Elle conclut sa sĂ©rie anaphorique et son discours par Nous sommes en 2013, et aujourd’hui une ministre, ça agit, ça ouvre sa gueule, et ça ne dĂ©missionne pas. »39 40 Ex. Facs PĂ©cresse dĂ©nonce le silence du PS sur les blocages » avril 2009 ; J ... 41 BenoĂźt Hamon, porte-parole du PS, citĂ© par l’AFP, 16 avril 2012. 42 Voir 15 avril 2012. 43 Voir par exemple le site catholique [ ... 16Certes, des locuteurs peuvent dĂ©noncer le silence » de l’adversaire politique40, et les dĂ©fenseurs d’intĂ©rĂȘts dĂ©plorer celui – au sens de lacune », de manque » ou d’ Ă©vitement » – des Ă©lus ou des institutions sur tel problĂšme crise climatique, sida, euthanasie, etc.. Pourtant, certaines notions sont convoitĂ©es par ceux qui se dĂ©clarent les reprĂ©sentants de ce qu’elles dĂ©signent, comme celle de majoritĂ© silencieuse », remise au goĂ»t du jour par l’élection prĂ©sidentielle de 2012. Cette prĂ©tendue majoritĂ© est celle dont l’opinion ne s’exprime pas, et dont la voix est construite en somme par un processus qui Ă©voque la figure appelĂ©e prosopopĂ©e. Face aux minoritĂ©s bruyantes » ou agissantes, la majoritĂ© silencieuse », appelĂ©e Ă  la rescousse par Georges ­Pompidou pour dĂ©fendre le rĂ©gime gaulliste en mai-juin 1968, puis par Dominique de Villepin pour soutenir son action lors de la crise du CPE en 2006, a encore Ă©tĂ© sollicitĂ©e par les partisans de Nicolas Sarkozy lorsque les sondeurs annonçaient la dĂ©faite du candidat de l’UMP “J’ai donnĂ© rendez-vous Ă  la France qu’on n’entend jamais [
] Je veux parler Ă  la majoritĂ© silencieuse”, a dit le prĂ©sident-candidat au dĂ©but de son grand meeting en plein air Ă  la Concorde cet aprĂšs-midi » Sarkozy parle “à la majoritĂ© silencieuse” », 15 avril 2012. D’autres mĂ©dias soulignent l’ambiguĂŻtĂ© de la formule en usant de l’oxymore, comme La Voix du Nord qui titre par exemple Ă  la une, le 16 avril 2012 Nicolas Sarkozy Ă  la Concorde une bruyante “majoritĂ© silencieuse” ». Et le camp adverse n’a aucune peine Ă  retourner l’argument Celui qui appelle au secours la majoritĂ© silencieuse est le mĂȘme prĂ©sident qui a rĂ©duit la majoritĂ© au silence [celle des Français opposĂ©s Ă  sa politique] »41, ou encore Ă  invalider la mobilisation sarkozyste en opposant Ă  une notion fictive et artificielle la vraie et lĂ©gitime majoritĂ© Il n’y a pas d’un cĂŽtĂ© une minoritĂ© bruyante et une majoritĂ© silencieuse [
] Le bulletin de vote est la plus belle prise de parole qui soit et la seule majoritĂ© que je connaisse est celle qui se dĂ©gage des urnes [
] Cette majoritĂ© populaire, dimanche prochain, ce sera nous [
] Cette majoritĂ©, je vous l’assure, ne sera pas silencieuse. Elle sera audacieuse », riposte François Hollande lors d’un meeting sur l’esplanade du chĂąteau de Vincennes42. Quelques mois aprĂšs son Ă©lection, les opposants Ă  la loi Taubira sur le mariage pour tous » s’emparent et se parent Ă  leur tour de ce vertueux silence, tout en faisant beaucoup de bruit43
 17Dans un autre ordre d’idĂ©es, la derniĂšre Ă©lection prĂ©sidentielle a fait Ă©merger des syntagmes, comme celui de silence numĂ©rique, pour dĂ©signer la nouvelle interdiction de la propagande des candidats et de leurs soutiens sur la Toile, Ă  partir du samedi zĂ©ro heure ou vendredi minuit prĂ©cĂ©dant le scrutin. Les partisans – Ă  l’instar des instituts de sondage contraints, depuis 2002, Ă  suspendre la publication de leurs enquĂȘtes pendant le dernier week-end – peuvent dĂšs lors se plaindre d’ĂȘtre enfermĂ©s dans cette fenĂȘtre de silence ». En France toutefois, malgrĂ© la clĂŽture de la campagne officielle, on n’emploie pas l’expression silence de campagne, comme c’est le cas Ă  propos des pays d’Europe centrale et orientale, ou en Russie Lange, 1999, p. 62-63 pendant une ou deux journĂ©es, la campagne rĂ©unions Ă©lectorales et apparitions mĂ©diatiques des candidats y est interrompue, et les citoyens, ainsi Ă©pargnĂ©s par la propagande Ă©lectorale, sont censĂ©s prendre le temps de la rĂ©flexion. 18Les trois articles prĂ©sentĂ©s au sein de ce dossier illustrent plusieurs des perspectives que nous venons de dessiner. Dans le fil des travaux de DaniĂšle Duez consacrĂ©s au silence dans les interactions de dĂ©bats politiques, l’article de Marion BĂ©chet, Marion SandrĂ©, Fabrice Hirsch, Arnaud Richard, Fabrice Marsac, et Rudolph Sock dĂ©crit les usages que François Hollande a faits de la pause silencieuse en 2011 et 2012 d’abord face Ă  Martine Aubry dans le cadre de la primaire socialiste, puis face Ă  Nicolas Sarkozy pendant la campagne prĂ©sidentielle. Les auteurs comparent, Ă  l’aide du logiciel Praat, la distribution et la durĂ©e des pauses du candidat socialiste dans ces deux situations. Les variations dĂ©tectĂ©es invitent Ă  s’interroger sur la stratĂ©gie adoptĂ©e par un locuteur qui Ă©labore son discours en jouant sur les pauses, dans des contextes dialogiques oĂč varient, d’une part, la tension polĂ©mique, et d’autre part, le rĂŽle qu’il prĂ©tend afficher. 19C’est un autre type de silence qu’évoque Paola Paissa dans son article consacrĂ© au dĂ©bat sur la torture lors de la guerre d’AlgĂ©rie – d’abord pendant les Ă©vĂ©nements » eux-mĂȘmes, puis plus de quarante ans plus tard Ă  l’occasion d’un tumultueux retour de mĂ©moire suscitĂ© par diffĂ©rents tĂ©moignages il s’agit ici du silence organisĂ©, mais contestĂ© ; de la chape de plomb soulevĂ©e en dĂ©pit du mutisme des autoritĂ©s, de la discrĂ©tion des tĂ©moins ou de l’indiffĂ©rence d’une partie de l’opinion. C’est de la lĂ©gitimitĂ© de ce silence, de son questionnement et par consĂ©quent du discours tenu Ă  son propos, qu’il s’agit alors. Paola Paissa interroge le phĂ©nomĂšne dans son rapport aux valeurs dont se rĂ©clament les diffĂ©rents protagonistes. Elle s’attache d’abord au mot lui-mĂȘme, Ă  sa frĂ©quence dans la presse, notamment dans la titraille ; elle souligne les termes cooccurrents, rĂ©vĂ©lateurs d’une axiologie ; elle montre ensuite l’évolution, selon les pĂ©riodes, de couples terminologiques antithĂ©tiques silence/libertĂ© de la presse, silence/vĂ©ritĂ©, silence/repentance ; elle distingue enfin une multitude d’acteurs aux interprĂ©tations antagoniques, dont la liste s’est allongĂ©e lors de la reprise de la polĂ©mique en 2000. 20Dans le troisiĂšme article enfin, AnaĂŻs Theviot nous confronte Ă  une forme nouvelle que prend l’institutionnalisation du silence dans une circonstance politique prĂ©cise la courte pĂ©riode pendant laquelle, Ă  la veille d’un scrutin en France, toute action de propagande politique doit ĂȘtre suspendue. Comment des partis qui s’appuient, pour faire campagne, sur Internet et les rĂ©seaux sociaux, peuvent-ils rendre des outils aussi peu propices Ă  la discrĂ©tion compatibles avec l’injonction lĂ©gale de silence numĂ©rique ? L’analyse repose sur une trentaine d’entretiens menĂ©s auprĂšs des responsables numĂ©riques et de la communication de l’UMP et du PS, sur une observation participante rĂ©alisĂ©e au siĂšge parisien du second de ces partis, et sur l’analyse de contenu de leurs sites Web au cours de la pĂ©riode de non-diffusion. AprĂšs avoir donnĂ© une mesure de la prĂ©sence des partis dans ce nouvel espace interactif, AnaĂŻs Theviot compare les stratĂ©gies mises en place en 2012 par les deux organismes. Elle dĂ©crit les dispositifs Ă©laborĂ©s pour se conformer au droit, et ceux qui s’en sont ensuivis pour contourner les nouvelles contraintes lĂ©gales. 21Ces trois aspects diffĂ©rents et complĂ©mentaires confirment, s’il en Ă©tait besoin, l’intĂ©rĂȘt de dĂ©passer le paradoxe que nous signalions pour commencer. Le silence est bien, tout autant que le discours, dont il est d’ailleurs insĂ©parable, l’affaire de Mots. Les langages du politique. Bien loin de correspondre Ă  un vide, Ă  une absence du message, il est un moment de celui-ci, et pas seulement parce qu’il est le lieu d’une activitĂ© organique et cognitive qui permet de le produire. Le silence du discours relĂšve d’une approche linguistique, pragmatique, stylistique et symbolique. Pourvu d’une matĂ©rialitĂ© sa durĂ©e et d’un sens, soumis Ă  une interprĂ©tation dans laquelle intervient tant la situation d’énonciation que le contexte linguistique, le silence est tantĂŽt indice, tantĂŽt signal, tantĂŽt signe au sens le plus strict et relĂšve pleinement d’une sĂ©miologie. Dans le contexte de l’énonciation politique, plus spĂ©cialement, il constitue un lieu subtil oĂč peuvent s’afficher le pouvoir sur le rythme et le temps, la domination dans les rĂŽles discursifs et sociaux, le rapport Ă  l’autre et aux circonstances, et l’image de soi. Haut de page Bibliographie AbĂ©lĂšs Marc, 1990, Rituels de campagne. L’élection municipale de 1989 Ă  Auxerre », Mots. Les langages du politique, no 25, p. 43-63. Bacot Paul, 1993, ConflictualitĂ© sociale et geste Ă©lectoral. Les formes de politisation dans les bureaux de vote », Revue française de science politique, vol. XLIII, no 1, fĂ©vrier, p. 107-135. Balandier Georges, 1985, Le dĂ©tour. Pouvoir et modernitĂ©, Paris, Fayard. 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Haut de page Notes 1 Voir l’incident rapportĂ© par Saville-Troike citĂ©e par Bilmes, 1996, p. 136 sur l’incomprĂ©hension fatale entre un pilote Ă©gyptien qui demandait l’autorisation d’atterrir sur un aĂ©rodrome chypriote et le contrĂŽleur aĂ©rien grec qui, rĂ©pondant par un silence, entendait ainsi signifier son refus, interprĂ©tĂ© comme un accord par le demandeur. Dans la partie de leur TraitĂ© de l’argumentation consacrĂ© Ă  l’accord, ChaĂŻm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca soulignent l’ambiguĂŻtĂ© de ce silence, y compris pour des interlocuteurs de mĂȘme culture C’est le danger de l’accord tirĂ© du silence qui explique que, dans beaucoup de circonstances, on choisit de rĂ©pondre quelque chose, mĂȘme si l’objection dont on dispose momentanĂ©ment est faible. » 1992, p. 145-146 2 Ces deux premiers exemples littĂ©raires sont retenus pour leur caractĂšre archĂ©typique, mais il va de soi qu’on ne peut, dans la perspective du dossier introduit, prĂ©tendre rĂ©sumer la gigantesque question du silence dans la littĂ©rature, et de son investissement imaginaire et axiologique en fonction de l’histoire et des contextes culturels. 3 Serge Charbonneau, sur le blog [ consultĂ© dĂ©sormais c. » le 4 septembre 2009. 4 Masin, 18 avril 2008, sur un site berbĂ©riste exprimant une opposition aux chefs kabyles [ % c. le 4 septembre 2009. 5 PrĂ©sentation sur le site [ du livre AZF, un silence d’État, Le Seuil, 2008, de Marc Mennessier, journaliste scientifique au Figaro, c. le 14 juin 2012. 6 Blog [ c. le 4 septembre 2009. 7 D’origine militaire, cette expression sert en fait trĂšs frĂ©quemment Ă  accuser les politiques ou les mĂ©diateurs, soupçonnĂ©s de priver les citoyens de l’information nĂ©cessaire. 8 Un blogueur catalan dĂ©nonçant cette agression par des voyous d’origine maghrĂ©bine » et le silence du ministre de l’IntĂ©rieur Manuel Valls, 20 juin 2013 [ c. le 23 aoĂ»t 2013. 9 4 mai 2009. 10 La candidate verte Eva Joly Ă  la prĂ©sidentielle, Ă  propos de la violation des droits de l’homme au Tibet 17 avril 2012. 11 Voir 27 aoĂ»t 2009. 12 Il est Ă©voquĂ© dans certaines paroles – certes ironiques – de la chanson populaire française On nous cache tout, on nous dit rien, Jacques Dutronc, en 1966 ou dans le livre Silence on dĂ©tourne ! Quand la politique fait son cinĂ©ma, de Louis Simon, prĂ©facĂ© par l’humoriste Laurent Gerra 2008, Paris, Fetjaine. 13 Ex. Front des forces socialistes “Le pouvoir ne peut pas acheter le silence des AlgĂ©riens” » site d’opposition [ 9 janvier 2011. 14 Ex. [Jean-François CopĂ©, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’UMP] a dĂ©noncĂ© hier la “loi du silence” des responsables successifs du PS sur l’affaire GuĂ©rini » 26 aoĂ»t 2011 ; J’ai rompu une certaine loi du silence » SĂ©golĂšne Royal, Ă  propos du consensus mou » de toute la classe politique, y compris socialiste, autour de la taxe carbone 1er septembre 2009. 15 Ou, selon les auteurs, maximes conversationnelles, rĂšgles rhĂ©torico-pragmatiques
 On pense par exemple au principe gĂ©nĂ©ral de coopĂ©ration dans un dialogue ; Ă  la loi de pertinence qui consiste Ă  faire silence sur les dĂ©tails accessoires, Ă  la loi d’informativitĂ© en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, on est censĂ© ne pas Ă©noncer ce qui est dĂ©jĂ  su et non contestĂ© par l’interlocuteur. Pour une synthĂšse sur la question, voir Kerbrat-Orecchioni, 1986, p. 194 et suiv. 16 Parmi les sites trĂšs frĂ©quentĂ©s, il n’y a que l’embarras du choix par exemple [ ou en anglais [ c. le 23 aoĂ»t 2013. Le Tao Te Ching de Lao Tseu y figure souvent en bonne place, avec des Ă©noncĂ©s tels que Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle pas » ou La plus grande rĂ©vĂ©lation est le silence »  17 Voir [ c. le 14 juin 2010. 18 Il est symptomatique qu’une revue Ă©cologiste et alternative lyonnaise, qui compte actuellement prĂšs de 5 000 abonnĂ©s et entend donner la parole Ă  celles et ceux qui expĂ©rimentent des modes de vie Ă©cologiques, non-violents », se soit en 1982 baptisĂ©e S !lence » en mettant les points – d’exclamation – sur les i
. 19 Voir par exemple Le silence d’Ingrid Betancourt est sa “meilleure rĂ©ponse” » 19 avril 2009. Voir Ă©galement le dossier de Mots. Les langages du politique no 92 mars 2010, Rumeurs en politique. 20 Voir, sur un site du MoDem, la dĂ©ploration du silence assourdissant des commentateurs » face Ă  la campagne de François Bayrou [ 9 mars 2012. 21 Nous empruntons cette distinction Ă  Michel Le Guern, 2008. 22 À propos des limites du langage pour dire la vĂ©ritĂ© du monde, voir le premier Wittgenstein, 1993 [1921] Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence » schweigen faire silence, se taire », aphorisme 7, p. 112. 23 Ces aspects ont Ă©tĂ© abordĂ©s dans le numĂ©ro 56 de la revue Mots La Shoah, silence
 et voix », par Anny Dayan-Rosenman en particulier 1998, p. 5-14. 24 Les Ă©tudes sur le sujet distinguent en gĂ©nĂ©ral les pauses silencieuses, qui prennent la forme d’une interruption plus ou moins longue du flux verbal, et les pauses non silencieuses ou remplies » meublĂ©es en particulier par des signaux phatiques, des allongements vocaliques, des rĂ©pĂ©titions ou des faux dĂ©parts voir Duez, 1991, p. 16. Sur le plan organique, les pauses permettent aussi la reprise du souffle. Il est notable que, de façon gĂ©nĂ©rale, ce n’est pas la respiration qui contraint la syntaxe, mais plutĂŽt l’inverse. 25 Voir Ă  ce sujet les remarques de Pierre LĂ©on 1993, p. 167-169 sur la prosodie oratoire dans les discours du GĂ©nĂ©ral de Gaulle, dont le style a semble-t-il Ă©tĂ© imitĂ© par Georges Pompidou et, dans une certaine mesure, par François Mitterrand. 26 Voir les images dans le documentaire Coupez le son. Le charisme politique, Thierry Berrod, Canal+, PlanĂšte, Mona Lisa production, INA, 2007, en ligne [ c. le 2 mars 2012. 27 Ibid. En revanche, la cĂ©lĂšbre rĂ©plique frĂ©quemment prĂȘtĂ©e Ă  Georges Marchais Taisez-vous Elkabbach ! » n’est pas attestĂ©e c’est une invention de l’un de ses imitateurs, l’humoriste Pierre Douglas. 28 Il s’agit, on se le rappelle, du cas de cette enseignante qui, aprĂšs une aventure avec l’un de ses Ă©lĂšves, suivie d’une condamnation pour dĂ©tournement de mineur, s’était suicidĂ©e. AprĂšs de nombreuses mimiques et de longues secondes de rĂ©flexion apparente, le chef de l’État, spĂ©cialiste de la poĂ©sie française, finit par rĂ©pondre avec Éluard Comprenne qui voudra » et, prenant Ă  son compte l’énoncĂ© du poĂšte, enchaĂźne plusieurs vers faisant allusion Ă  la vindicte collective, au remords, au droit d’aimer 22 septembre 1969. Voir le site [ c. le 29 septembre 2010. 29 La prĂ©tĂ©rition est le sacrifice imaginaire d’un argument. On Ă©bauche ce dernier tout en annonçant que l’on y renonce [
] Le sacrifice [
] laisse croire que les autres arguments sont suffisamment forts pour que l’on puisse se passer de celui-ci. » Perelman, Olbrechts-Tyteca, 1992, p. 645 30 Ibid. 31 CitĂ© par Le Guern, 2008, p. 41. 32 Voir le documentaire Coupez le son. Le charisme politique, citĂ© supra. 33 L’écriture mĂ©diatique. Entretien avec Jacques Pilhan », Le DĂ©bat, no 87, p. 4-5. 34 Il dĂ©clare avec solennitĂ© Je voudrais, parce que les silences sont souvent plus pesants que les discours, moi aussi me lever Ă  mon tour pour tenir une minute de silence ou quelques instants de silence au moins. » Voir [ 35 DiffĂ©rentes affiches du Rassemblement national ou du FN dans les annĂ©es quatre-vingt ont reprĂ©sentĂ© Le Pen portant un bĂąillon blanc ou rouge, avec les lĂ©gendes Le Pen dit la vĂ©ritĂ©, on le bĂąillonne ! / Ils veulent le bĂąillonner » ou Ils veulent bĂąillonner la France ». Ce procĂ©dĂ© mĂ©taphorique de victimisation n’est pas propre au Front national il a Ă©tĂ© employĂ© dans d’autres contextes par diffĂ©rents acteurs. Par exemple, la Ligue lombarde dans les annĂ©es quatre-vingt, avec une affiche lĂ©gendĂ©e Lombard Tas ! Lombard tais-toi » ; Amnesty international, pour dĂ©noncer les violences faites aux femmes pendant les conflits armĂ©s ; Manuel Valls dans le quotidien El Pais en 2009, pour s’opposer Ă  un courrier de la premiĂšre secrĂ©taire du PS, Martine Aubry, qui lui intimait de cesser ses critiques publiques. Certaines de ces affiches sont reproduites sur le site [ c. le 31 janvier 2012. 36 Si le Code Ă©lectoral art. R 48 prohibe les discussions et dĂ©libĂ©rations des Ă©lecteurs Ă  l’intĂ©rieur des bureaux de vote, la norme du silence, sur le choix Ă©lectoral en particulier, est de nos jours trĂšs largement intĂ©riorisĂ©e par les Ă©lecteurs voir Bacot, 1993, p. 107 et 110. 37 Sans compter celle de l’exit forcĂ© du membre du gouvernement volubile et surtout trop critique le
 dĂ©barquement » de la ministre de l’Écologie Delphine Batho le 2 juillet 2013. 38 Voir Albert O. Hirschman, Exit, Voice, and Loyalty Responses to Decline in Firms, Organizations, and States [Face au dĂ©clin des entreprises et des institutions], Cambridge, MA, Harvard University Press, 1970. 39 Voir la vidĂ©o Dailymotion » sur le site [ c. le 23 aoĂ»t 2013. 40 Ex. Facs PĂ©cresse dĂ©nonce le silence du PS sur les blocages » avril 2009 ; Je dĂ©nonce le silence du PS aprĂšs la confirmation par l’Agence Moody’s du triple A de la France » tweet de Jean-François CopĂ©, 16 janvier 2012 ; dans le camp opposĂ©, le dĂ©putĂ© PS des Landes Henri Emmanuelli a dĂ©noncĂ© le silence de la droite “gaulliste” face au candidat de l’UMP Ă  la prĂ©sidentielle, Nicolas Sarkozy, estimant qu’il se rapprochait des “valeurs du pĂ©tainisme” » avril 2012. 41 BenoĂźt Hamon, porte-parole du PS, citĂ© par l’AFP, 16 avril 2012. 42 Voir 15 avril 2012. 43 Voir par exemple le site catholique [ ou celui de l’UMP de la Vienne On peut dire bravo Ă  tous ces FRANÇAIS, encore ceux-lĂ  qui composent la “MajoritĂ© silencieuse” ! » sic [ c. le 14 mai de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Denis Barbet et Jean-Paul HonorĂ©, Ce que se taire veut dire. Expressions et usages politiques du silence », Mots. Les langages du politique [En ligne], 103 2013, mis en ligne le 16 dĂ©cembre 2015, consultĂ© le 19 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteurs Denis Barbet UniversitĂ© de Lyon, Institut d’études politiques, Triangle CNRS, UMR 5206 Articles du mĂȘme auteur Paru dans Mots. Les langages du politique, 110 2016 Paru dans Mots. Les langages du politique, 98 2012 Paru dans Mots. Les langages du politique, 98 2012 Paru dans Mots. Les langages du politique, 98 2012 Paru dans Mots. Les langages du politique, 89 2009 Paru dans Mots. Les langages du politique, 89 2009 Tous les textes... Jean-Paul HonorĂ© UniversitĂ© Paris-Est CrĂ©teil Val de Marne, CEDITEC EA 3119 Articles du mĂȘme auteur Paru dans Mots. Les langages du politique, 103 2013 Paru dans Mots. Les langages du politique, 95 2011 Paru dans Mots. Les langages du politique, 93 2010 Paru dans Mots. Les langages du politique, 94 2010 Paru dans Mots. Les langages du politique, 88 2008 Chrononymes. La politisation du temps Paru dans Mots. Les langages du politique, 87 2008 Tous les textes... Haut de page Droits d’auteur © ENS ÉditionsHaut de page

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