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Résumés La contraception était généralement condamnée dans le judaïsme comme dans le christianisme des premiers siècles, avec plus ou moins de sévérité ou de tolérance, en tant qu’atteinte à la Loi divine, qui fait un devoir à l’homme de procréer. Mais il existe aussi une autre forme de condamnation des pratiques contraceptives, liée à l’interdiction de verser le sang. Peu présente dans le judaïsme rabbinique, on la trouve exprimée différemment chez les premiers Pères, selon qu’il s’agisse de condamner le retrait, l’usage de potions stérilisantes ou le recours à des abortifs précoces - étant entendu que les Anciens distinguaient mal entre un abortif précoce et un contraceptif. Le terme d’homicide est employé – très inégalement - pour chacune de ces pratiques, sans qu’il soit véritablement tenu compte des différentes doctrines de l’animation de l’être humain dès l’expulsion de la semence dans le cas de l’onanisme, dès la conception, au fur et à mesure de la croissance de l’embryon ou même seulement à la naissance. Contraception used to be banished in the Jewish as well as in the Christian practice in the first centuries, with degrees of severity or tolerance that varied. It was condemned as a breach of Divine Law, which makes it a duty for humankind to procreate. But there is also another form of condemnation of contraceptive practices, linked with the bar on the pouring of blood. This form is only slightly present in rabbinic Judaism, and is expressed in a variety of ways by the first Fathers, depending on what is condemned withdrawal, using sterilizing potions or precocious abortive devices, even though in those days people found it difficult to make a difference between precociously abortive and contraceptive methods. The word homicide » is used - without any regularity - for each of those practices, without anyone really taking into account the various doctrines about the soul entering the human being as early as the semen was expulsed, as early as the embryo was conceived, or while the embryo grew or even only at the moment of de page Entrées d'index Haut de page Texte intégral 1 Gn 9, 5 Je demanderai compte du sang de chacun de vous. J’en demanderai compte à tous les anima ... 2 Ex 20,13 tu ne tueras pas ». 3 À paraître dans la Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuses de Strasbourg. Sur la question de ... 1Dans la tradition biblique, l’interdiction de verser le sang figure parmi les plus anciennes elle apparaît déjà dans la bénédiction de Noé après le déluge1, et elle est renouvelée dans les commandements que Yahvé prescrit à Moïse au Sinaï, sous la forme d’une interdiction du meurtre2. L’objet de la présente enquête est d’étudier l’un des cas où l’interdiction ne s’applique pas en toutes circonstances, parce que la victime n’est pas nécessairement perçue comme un être humain, formé selon l’image et selon la ressemblance », et, en tant que tel, protégé par la loi de Dieu. Elle s’étendra des textes bibliques aux écrits patristiques, en explorant au passage quelques extraits du Talmud propres à éclairer par comparaison la position des Pères. La particularité de cette enquête sera de relier l’interprétation de l’interdiction de l’homicide de l’enfant dès avant sa naissance aux doctrines philosophiques ou médicales qui évoquent l’animation de l’embryon - partant du principe que, là où il n’y a pas d’âme humaine, il n’y a pas non plus, en théorie, meurtre d’un être humain. Mais, pour d’évidentes raisons éditoriales, le présent article ne traitera que de la contraception considérée comme un homicide », abandonnant les problèmes liés à l’avortement à une autre étude3. 4 Sur la doctrine d’Hippocrate, voir le traité hippocratique De generatione,5-6 ; sur celle de Démocr ... 5 Sur la question, voir nos quatre études La conception virginale chez les premiers Pères de l’Ég ... 6 Voir Soranos, Gynaecia, I, 43 La conception est une rétention prolongée de la semence, ou d’un ... 7 Voir Aristote, De generatone animalium, II, 4, 739 b ; Tertullien, De carne Christi, 19, 3-4 ; etc. 8 L’expression zôopoion sperma apparaît, entre autres, chez Cyrille d’Alexandrie, Fragmenta commentar ... 2On ne peut en effet étudier les différentes positions des Anciens sur la contraception et l’avortement sans prendre en compte leurs doctrines de la procréation. Or, si les plus anciens Grecs, tels Hippocrate et certains des philosophes présocratiques - suivis, à l’époque romaine, du médecin de Pergame, Galien - considéraient que la vie naissait de l’union de deux semences, l’une masculine et l’autre féminine, et qu’ainsi, aucune des deux semences ne pouvait être considérée par elle-même comme étant un être vivant, même en puissance4, il semble que, aussi bien chez les Juifs hellénisés que chez les chrétiens, ce fut la doctrine aristotélicienne qui ait eu la préférence5. Selon Aristote, il n’existe de semence que masculine c’est le sperme ; la femelle ne possède pas de semence productive, mais fournit seulement la matière du développement du fœtus, essentiellement par son sang ; ainsi, selon le schéma aristotélicien, le mâle est censé apporter la forme de l’individu à naître par sa semence, tandis que la femme fournit à la semence retenue en son sein grec sullèpsis, latin conceptio6 la matière destinée à constituer les masses charnelles de l’embryon. L’image employée par Aristote pour expliquer le processus est celle de la pressure le sperme qui caille le fromage le sang menstruel de la femme la forme est bien évidemment dans la pressure, tandis que le lait constitue la matière7. C’est cette semence masculine qui est porteuse de vie8, qui est, d’une certaine manière, vivante »... 1. La contraception masculine l’onanisme 3Il peut paraître étrange à nous autres Modernes de faire figurer l’onanisme parmi les cas frappés par l’interdiction de l’homicide. Or, nous verrons que certains écrivains ecclésiastiques soutenaient une forme d’animation empsuchia du sperme, ce qui peut ouvrir la voie à la condamnation de l’onanisme comme sacrifice d’une âme psuchè ou d’un être vivant zôon animé empsuchos. 9 Gn 1,18 création de l’homme ; renouvelé en Gn 8,17 Noé ; voire en Gn 17,6 Abraham. 4En fait, dans l’ancien judaïsme, l’onanisme c’est-à-dire l’éjaculation hors du sein de la femme, lors d’une relation sexuelle n’est condamné que dans la mesure où il va à l’encontre de la Loi, qui enjoint à l’homme de procréer9. Laisser perdre la semence, c’est sacrifier une possibilité de vie, comme le fait Onân, dans le récit de la Genèse 38,7-10 Er déplut à Yavhé, qui le fit mourir. Alors [son père] Juda dit à Onân Va vers la femme de ton frère, remplis avec elle ton devoir de beau-frère et assure une postérité à ton frère. » Cependant Onân savait que la postérité ne serait pas la sienne et, chaque fois qu’il s’unissait à la femme de son frère, il laissait perdre à terre pour ne pas donner de postérité à son frère. Ce qu’il faisait déplut à Yavhé, qui le fit mourir lui aussi. 5Le crime d’Onân semble gravissime, puisque Dieu le punit de mort. Toutefois, selon le récit de Gn 38, il n’y a faute et châtiment, semble-t-il, que parce qu’Onân ne se soumet pas à la règle du lévirat, qui oblige un frère à s’unir à la femme de son frère mort sans enfant afin de lui assurer une postérité ce n’est donc sans doute pas le geste en soi qui est condamné et puni par Dieu, comme une faute contre une vie, actuelle ou potentielle, celle contenue dans le sperme, mais la transgression de la Loi divine qui impose à chacun de s’assurer ou, dans ce cas précis, d’assurer à autrui une descendance. 10 Talmud de Babylone, Yemabot 63b, cité par P. Brown, Le renoncement à la chair virginité, célibat ... 11 Voir les textes cités ci-dessous, concernant la contraception féminine. 6De fait, dans l’ancien Israël, cette obligation de donner la vie n’était pas considérée comme absolue. Certains d’entre les Sages assimilaient le refus de faire des enfants à un homicide Quiconque n’accomplit pas son devoir de croître et de multiplier, c’est comme s’il versait le sang10 ». Mais la plupart d’entre eux bornaient l’obligation en bien des circonstances. Ainsi, le recours à toute forme de contraception était-il conseillé quand il y avait menace sur l’identité même du peuple juif, c’est-à-dire sur l’Alliance, ou quand la vie ou l’intérêt vital d’un premier enfant était menacé11. Voici, à titre d’exemple, comment Rabbi Eliézer justifiait l’onanisme pour protéger la vie d’un premier enfant, contre l’avis de la majorité de ses contemporains, semble-t-il 12 tB Yemabot 34b, éd. Epstein, p. 215 = éd. Goldschmidt, p. 426 ; référence fournie par Congour ... Durant les trente-quatre premiers mois [de l’allaitement], on doit battre dedans et dehors [par allusion au coït interrompu] ; telles sont les paroles de R. Eliézer. Les autres lui dirent Pareilles pratiques ne sont rien d’autres que les pratiques d’Er et d’Ônan...12 7Le sens de la halacha est clair le mal que représente le moyen, à savoir aller contre la règle divine qui impose de procréer, est jugé moindre que celui que représente la fin, à savoir empêcher une grossesse que le Sage juge non souhaitable, en l’occurrence celle d’une femme qui allaite déjà, et qui ne pourra pas donner son lait ou ses soins à un autre enfant. 8En revanche, dans un contexte très différent, celui de la polémique contre le paganisme, Philon et Flavius Josèphe, opposant les mœurs juives à l’incontinence païenne, rappellent avec fermeté l’obligation de procréer au nom de la loi naturelle 13 Philon, De specialibus legibus, 3, 36. - Tous ceux qui se font un art d’étouffer sbesin les semences au moment même où ils les répandent sont des ennemis déclarés de la Nature13 ; 14 Flavius Josèphe, Contra Apionem, II, 234, 199. - La loi ne connaît qu’une seule union, l’union naturelle avec la femme, et seulement si elle doit avoir pour but de procréer14. 9Philon trouvera en Clément d’Alexandrie un disciple 15 Clément, Paedagogus, II, 10, 95, 3 ; beau passage, qui unit la morale stoïcienne Musonius Rufus, X ... S’unir sans chercher la procréation, c’est outrager la nature [...]. Le mariage, c’est le désir de procréation, et non pas l’évacuation désordonnée du sperme è tou spermatos ataktos ekkrisis, évacuation qui est contraire aussi bien à la Loi paranomos qu’à la nature15. 10Le vocabulaire employé est celui de l’homicide sbennumi, étouffer » - une des formes d’infanticide les plus répandues ou de la violation de la loi paranomia, soulignant ainsi le caractère criminel de cette pratique. 16 Voir Irénée, Adversus haereses, I, 24, à propos de Saturnin et Basilide le mariage et l’enfante ... 11Assez différente est la position des évêques chrétiens que sont Épiphane ou Augustin, qui condamnent l’onanisme en tant qu’il est une acceptation de la jouissance dans la relation sexuelle sans la contrepartie voulue par Dieu, qui est la procréation. Ainsi, l’évêque de Salamine condamne-t-il sévèrement ceux qu’il appelle les gnostiques » ou les borborites » pour copuler sans procréer » ; il dénonce dans la forme de contraception qu’ils pratiquent une recherche effrénée du plaisir, négligeant le fait que leur renoncement à la procréation est une conséquence de leur pessimisme ontologique, qui leur fait refuser d’enchaîner de nouvelles âmes dans la génération humaine16 17 Épiphane, Panarion, 26, 5, 2. Mais même s’ils pratiquent l’union sexuelle, ils n’en interdisent pas moins la procréation. Leur recherche effrénée de la séduction a pour but le plaisir, et non la procréation. [...] Ils parviennent au plaisir, mais recueillent en eux les semences de leur impureté...17. 18 Galien, Du usu partium, XIV, 9, Kuhn t. 4, p. 183 le sperme est fait de pneuma, en quelque sorte ... 12La pratique à laquelle fait allusion la fin de cette dernière phrase, la manducation du sperme, s’explique aussi, il est vrai, en grande partie par le désir de ne pas laisser se perdre l’élément pneumatique contenu dans le sperme qui, nous dit le médecin Galien, est un mélange de pneuma et d’eau18. L’idée est donc bien présente que l’onanisme peut entraîner une dissipation de la substance spirituelle, celle que véhicule le sperme, un danger qu’a précisément pour but d’éviter la manducation du sperme qu’auraient pratiquée ces sectes gnostiques. On trouve la même réprobation de l’onanisme chez Augustin, à propos, cette fois-ci, des manichéens 19 Augustin, Contra Faustum, 22, 30 ; parali. De moribus ecclesiae catholicae et moribus manichaeorum, ... La loi perverse des manichéens commande avant tout, à ceux qui ont commerce ensemble, d’éviter d’avoir des enfants [...] et leur fait un devoir de répandre plutôt par terre leur Dieu [ la semence qui contient une parcelle du Dieu manichéen] par une effusion honteuse, que de le charger d’un lien cruel19. 20 Formule de Bauerschmidt, art. »contraception », dans Fitzgerald dir., Encyclopédie sain ... 13Plus généralement, Augustin, dans ses traités sur le mariage, condamne les pratiques contraceptives comme une amputation du bien inhérent au mariage20 », même s’il n’y voit, en l’absence de tout adultère ou fornication et surtout de toute pratique abortive, qu’un péché véniel » 21 Augustin, De adulterinis conjugiis, II, 12. - C’est un acte illicite et honteux illiciter et turpiter que d’empêcher la naissance des enfants dans ses relations même avec son épouse légitime. Cet acte, Dieu l’a puni de mort dans Ônan, fils de Juda21. 22 Augustin, De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17. Le recours aux amulettes est connu de Pline, Nat ... - Autre chose est de n’user du mariage que dans la seule vue d’avoir des enfants, ce qui est exempt de tout péché, autre chose est d’y chercher une volupté sensuelle, mais non avec une autre femme que la sienne, ce qui n’est qu’un péché véniel. [...] [Mais ceux qui] mettent obstacle à la génération, soit par un vœu impie [voto malo, peut-être le recours à la prière ou à la magie, ou tout simplement le respect des périodes jugées non fertiles, voire le coïtus interruptus], soit par une pratique funeste [opere malo, sans doute les pratiques abortives ou infanticides], ne sont pas des époux, quoiqu’ils en aient le nom22. 23 Augustin, De bono conjugali, 13, 15 ; à opposer à 5, 5, cité infra référence n. 45. 14Ce péché, il l’a pourtant rencontré partout autour de lui, nous dit-il, sans excessive réprobation Jamais, dans les conversations amicales, je n’ai entendu un homme marié ou qui l’a été déclarer qu’il ne s’est jamais uni avec sa femme que dans le but d’avoir des enfants23. » 24 Par ex. Contra Faustum, 22, 30, cité supra référence n. 19. 25 Par ex. De moribus ecclesiae, II, 18, 65, cité supra, n. 19. Voir Hippocrate, De mulierum affectibu ... 26 Par ex. De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17, cité supra référence n. 22. Ces pharmaka sont me ... 15Les méthodes contraceptives en question semblent avoir été d’une part le retrait24, d’autre part la limitation des rapports aux périodes jugées non fertiles25, et enfin l’usage de drogues stérilisantes ou abor-tives26. 27 Justin, 1 Apologia, 29, 1 Ou bien nos mariages n’avaient absolument pas d’autre fin que d’éleve ... 16On constate ainsi que les points de vue juif et chrétien sur le retrait le coïtus interruptus diffèrent du tout au tout ; Onân, dans la Bible, n’est pas condamné par Dieu pour avoir pris un plaisir interdit, mais parce qu’il ne se soumet pas à la règle divine de procréation ; il s’agit bien de crime, c’est-à-dire de manquement grave à la loi paranomia, mais certes pas d’homicide. Une seule exception à ce constat un passage du traité talmudique Yemabot, qui assimile l’onanisme au versement du sang ; encore ne s’agit-il que de mettre en parallèle deux formes différentes d’atteinte à la vie. En revanche, chez Épiphane et chez Augustin, la condamnation porte au moins autant sur le bon usage du plaisir charnel que sur le respect dû à toute forme de vie ; la jouissance sexuelle doit avoir une contrepartie, qui est la procréation, puisque aussi bien Dieu a établi la sexualité dans le seul but d’assurer la pérennité des espèces animales sur la terre la procréation étant la mesure » du désir et du plaisir, ainsi que l’expriment les premiers Pères, suivis par la quasi totalité des moralistes du mariage, depuis Justin jusqu’à Augustin27. Le coïtus interruptus est donc qualifié de crime illiciter correspond à paranomôs, contrairement à la loi » contre Dieu et sa Loi, mais certes pas d’homicide homicidium, androphonia. 2. La castration volontaire 17La Bible condamnait violemment la castration ou la mutilation sexuelle, ainsi que l’exprime ce passage du Deutéronome L’homme aux testicules écrasés, ou à la verge coupée, ne sera pas admis à l’assemblée de Yahvé. » Dt 23,2 18On retrouve cette interdiction, ou pour le moins une très forte réprobation, chez les Sages d’Israël, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ainsi que dans le judaïsme hellénistique 28 tB Shabbat, éd. Epstein, p. 538. - D’où savons-nous que la castration d’un homme est interdite ? Du verset Vous ne ferez pas cela dans votre pays » le verset complet précise Vous n’offrirez pas à Yahvé un animal dont les testicules soient rentrés, écrasés, arrachés ou coupés » Lv 22,1428. 29 tB Yemabot, 17a, éd. Epstein, p. 92 = éd. Goldschimdt, p. 366. - C’est une tradition que les femmes de cette génération soient stérilisées mot à mot déchirées »29. 30 Philon, Hypothetica, 7, 7. - [La Loi ordonne] de ne pas mutiler les organes génitaux des hommes, et de ne pas faire avorter [les femmes] par des stérilisants atoikiois et autres moyens contraceptifs30. 31 A. Rousselle, Porneia. De la maîtrise du corps à la privation sensorielle IIe-IVe siècles de l’èr ... 19En revanche, nous savons que les Romains pratiquaient la castration par ligature, non pas pour mettre fin à l’activité sexuelle, mais comme moyen de contraception. Les témoignages rassemblés par Aline Rousselle dans son ouvrage Porneia sont sur ce point irrécusables31 ; cette pratique permettait de se livrer au libertinage sans risque de grossesse. 32 Voir Digeste, 48, 8, 4, 2 et 3 Qu’on ne fasse pas d’eunuques » décrets d’Hadrien. 33 Mt 19,12 Il y a des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui l ... 34 Voir Justin, 1 Apologia, 29, 2-3 ; Eusèbe, Historia ecclesiastica, 6, 8, 1-3. 35 Eusèbe, Historia eclesiastica, 6, 8, 3. 20La castration, que réprimait la Loi romaine32, fut aussi réprouvée par l’Église, même s’il est avéré que, dans les tout premiers siècles du christianisme, des fidèles se sont eux-mêmes castrés pour manifester la pureté des mœurs chrétiennes ou pour mettre en pratique une parole du Seigneur invitant à la continence33 - parmi eux, un chrétien d’Alexandrie contemporain de Justin et le grand Origène34. Cependant, de telles pratiques étaient vivement découragées par la hiérarchie ecclésiastique35. L’évêque et médecin Basile d’Ancyre déconseillait même aux vierges de fréquenter les eunuques, censés être avides de débauche 36 Basile d’Ancyre, De virginitate, frag. slavon cité par Rousselle, Porneia, p. 159. De ceux en effet qui, après avoir atteint la virilité et l’âge où le membre génital est apte à la copulation, se sont retranché seulement les testicules, on dit qu’ils brûlent d’un désir plus aigu et sans retenue pour l’union sexuelle, et que non seulement ils ont cette ardeur, mais qu’encore ils souillent sans risque, à ce qu’ils pensent, les femmes qu’ils rencontrent36. 21Mais il n’est question ici que de stigmatiser la débauche, et non de réprouver une forme de stérilisation masculine pareille pratique n’entrait certes pas dans les usages d’un père de famille désireux de limiter le nombre des grossesses de son épouse ! 3. La contraception féminine abstinence périodique, drogues contraceptives ou abortifs mensuels, stérilet 22Dans le judaïsme, l’emploi de moyens contraceptifs féminins par exemple le pessaire, bouchon d’ouate ou masse de pierre ou de métal n’est pas non plus condamné en soi ; on trouve même des textes qui l’encouragent, dans les cas où la grossesse ne serait pas souhaitable, par exemple chez une femme qui allaite ou qui est déjà enceinte, ou encore chez une très jeune fille ou une captive 37 Yemabot 12b, éd. Epstein, p. 62 = éd. Goldschmidt, p. 351 autre référence fournie par Congou ... - Rabbi Bibbi récita en présence de Rabbi Nahman Il y a trois catégories de femmes qui peuvent utiliser un pessaire absorbant » dans leurs relations conjugales une mineure, une femme enceinte et une nourrice. La mineure, parce que sinon elle pourrait tomber enceinte et mourir. La femme enceinte, parce que sinon elle pourrait causer la dégénérescence de son fœtus et en faire un sandal. La nourrice, parce qu’autrement elle pourrait sevrer son enfant prématurément, et causer sa mort37. 38 tB Ketubot 37a, éd. Steinsaltz, Ketoubot 2, Paris, 1995, p. 138 = éd. Epstein, p. 202-203. - Raba a répondu Rabbi Yossé pense quand une femme a des relations charnelles illicites, elle met, en guise de préservatif, de l’ouate dans le col de l’utérus, afin de ne pas être enceinte. Certes, concède la Guemara, la prosélyte, du fait qu’elle pense se convertir, prend garde à sa personne et a recours à des moyens contraceptifs, la captive aussi évite de tomber enceinte, parce que, ne sachant pas où on la conduit, elle espère être rachetée par un juif et pouvoir se marier avant d’avoir charge d’âme. L’esclave aussi prend ses précautions, parce qu’elle a entendu de la bouche de son maître qu’il a l’intention de la libérer et elle tient à ce que tous ses enfants soient reconnus comme juifs à part entière38. 23On trouve là les principales restrictions apportées à l’obligation de procréer, plusieurs fois reprises dans le Talmud le cas des femmes enceintes, pour ne pas mettre en danger leur vie ou celle de l’enfant qu’elles portent déjà, celui des toutes jeunes femmes, pour lesquelles une grossesse prématurée présenterait un risque trop important, celui des captives ou des esclaves, voire des prosélytes, dont l’enfant serait sans statut juridico-religieux au sein d’Israël ; et peut-être même celui des femmes adultères, auxquelles semble être attribué le souci de ne pas souiller le sang de leur époux. 24Le fait qu’un même traité tB Yemabot 12b et 34b évoque dans les mêmes termes la contraception masculine à savoir le retrait et la contraception féminine à savoir l’usage d’un stérilet montre suffisamment que les Sages n’établissaient aucune distinction entre l’une et l’autre, et portaient sur elles le même jugement une condamnation de principe, pour le manquement à l’obligation de procréer, mais une tolérance relative dans les faits. 25En revanche, dans la tradition patristique, il n’en va pas de même. Si, comme dans la tradition rabbinique, l’acte sexuel est étroitement associé à la procréation, on ne trouve pas chez les Pères les mêmes accommodements avec la Loi divine au nom d’autres règles religieuses, par exemple celles liées à l’identité d’Israël cas des captives ou des esclaves ou à la protection de la personne humaine cas des grossesses précoces. Aussi le retrait ou l’usage de moyens contraceptifs sont-ils généralement condamnés. Parmi les premières formulations de l’interdiction de la contraception chimique ou mécanique au sein et en dehors du mariage, signalons Minucius Félix, Jérôme, et peut-être aussi Jean Chrysostome, qui condamnent la contraception comme un homicide avant la lettre 39 Minucius Félix, Octavius, 30, 2. - [Il y a des femmes qui] étouffent extinguant dans leurs entrailles mêmes l’origine de l’être à venir originem futuri et commettent le parricide parricidium faciant en absorbant des drogues avant [même] d’enfanter antequam pariant39 ; 40 Jérôme, Epistulae, 22 Ad Eustochium, 13. - [Il y a des vierges] qui prennent à l’avance une potion de stérilité sterilitatem praebibunt et commettent un homicide sur un être humain qui n’est pas encore semé necdum sati hominis homicidium faciunt40 ; 41 Jean Chrysostome, Homilia 24 in Epistulam ad Romanos, 4, s’en prenant aux usages contraceptifs des ... - Pourquoi jeter votre grain en un champ où il sera étouffé, [...] mille fois voué à la stérilité ? Ignorez-vous que la mort précède en ces régions la vie ? Vous obligez, en effet, la courtisane à sortir de son rôle de courtisane et à devenir homicide androphonon [...], quelque chose même de pire que le meurtre ordinaire, un je ne sais quoi d’innommable on tue ce qui n’est pas encore né, on l’empêche de venir à la Lumière41. 42 Augustin, De moribus ecclesiae, II, 18, 65, cité supra, n. 19. 43 Augustin, De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17, cité supra référence n. 22. 26Signalons encore Augustin, qui condamne aussi bien l’abstinence périodique42 que l’emploi de venena, drogues stérilisantes ou abor-tives43. Pour les relations en dehors du mariage, la condamnation de la contraception devait être moins sévère, puisqu’une telle union n’avait pas pour but la procréation c’est donc la concupiscence qui est blâmée au premier chef chez Augustin, mais non les pratiques contraceptives, pourvu qu’elles ne soient pas abortives ; ainsi, les regrets qu’il manifeste de s’être vainement uni à sa concubine, la mère d’Adéodat 44 Augustin, Confessiones, II, 2, 2. Ô ma tardive joie ! Vous vous taisiez alors, et moi je continuais à m’éloigner de vous, jetant de plus en plus de ces stériles semences sterilia semina, par allusion au coïtus interruptus d’où il ne naît que des 27Cependant, Augustin ne refuse pas de qualifier de mariage » une union volontairement vouée à la stérilité 45 Augustin, De bono conjugali, 5, 5 ; à opposer à 13, 15. Voici un homme et une femme [...] ; ils ont des rapports charnels, non en vue de procréer des enfants, mais seulement pour [satisfaire] leur concupiscence ; ils ont pris toutefois l’engagement réciproque de n’avoir pas de relations, lui avec une autre femme, elle avec un autre homme ; peut-on appeler mariage leur union ? Oui certes, à la rigueur, et sans absurdité45. 28Il y a loin de cette tolérance à la sévérité de Césaire d’Arles, qui n’hésite pas à qualifier d’homicide toute pratique contraceptive, même, semble-t-il, la continence au sein du mariage, puisque le simple fait de ne pas être enceinte, pour une femme mariée qui a des relations sexuelles avec son époux, doit est considéré comme une entrave à l’œuvre de la nature et comme un homicide 46 Césaire d’Arles, Sermones, 1, 12, CC 103, 9, cité par Noonan, Contraception et mariage. Quel est celui qui ne peut dire dans son prêche qu’une femme ne doit pas prendre de potion qui la rende incapable de concevoir, et condamner elle-même la nature que Dieu a voulue féconde ? Autant de fois qu’elle ne peut concevoir ou mettre au monde, autant d’homicides qui lui seront imputés46. 47 Voir Soranos, Gynaecia, I, 20, 63 Certains conseillent aussi de boire une fois par mois la gros ... 29Remarquons que, dans les passages qui viennent d’être cités, il est question d’user de drogues stérilisantes, employées avant même que la femme ne tombe enceinte, voire avant tout rapport sexuel avant l’ensemencement », et sans doute mensuellement ; il s’agit vraisemblablement de drogues qui empêchent toute conception par le retour périodique des règles, peut-être en empêchant ce que les Modernes appellent la nidation47. Un Moderne estimerait que de telles drogues sont à mi-chemin de la contraception et de l’avortement. Les Anciens, qui appelaient conception » l’implantation du sperme masculin dans la matrice et sa rétention durant une période d’au moins une semaine, et non la fécondation de la semence féminine l’ovule par la semence masculine les spermatozoïdes, ne distinguaient pas dans les faits entre une contraception du lendemain » et un avortement très précoce. En conséquence, l’usage de drogues assurant le retour des règles était nécessairement compris comme une forme d’avortement et encourait légitimement la même condamnation pour homicide » d’un être à venir. 4. Une possible justification scientifique l’animation dès avant la naissance 48 Sur la morale sexuelle des premiers chrétiens, on consultera Rousselle, Porneia ; Brown, Le renon ... 30Pourquoi le christianisme a-t-il ainsi rompu avec la tradition relativement tolérante du judaïsme pour interdire avec vigueur les premières méthodes contraceptives, qu’il s’agisse du retrait, de l’usage de stérilets, de l’emploi de stérilisants ou d’abortifs mensuels ?48 31La raison en est double. D’abord, les Pères ont obéi à des considérations d’ordre moral dans les premières polémiques contre le paganisme et la société païenne, les chrétiens se sont plu à placer en contraste les mœurs chrétiennes et celles des païens. Ils ont donc opposé la chasteté des chrétiens non pas la continence absolue, réservée aux parfaits, mais la maîtrise des relations sexuelles à la licence, voire la dépravation païenne, et pour ce faire édicté des règles de comportement sexuel assez strictes, que peut résumer ce passage de Tertullien 49 Tertullien, De anima, 27, 4. L’acte d’amour a été souillé par la concupiscence, non par sa propre condition. C’est l’excès, et non la nature, qui en est impudique, puisque aussi bien l’acte dans sa nature est béni aux yeux de Dieu Soyez féconds, multipliez » Gn 1, 28. C’est l’excès qui est maudit les adultères, la fornication et la prostitution adulteria et stupra et lupa-naria49. 50 Sur la question, voir Brown, Le renoncement à la chair..., passim. 32Les chrétiens imposaient donc la continence en dehors du mariage en condamnant l’adultère et la prostitution, ou en prônant le respect des sœurs » dans la foi, et ils préconisaient la chasteté au sein du mariage, en limitant les relations sexuelles à la nécessité de procréer. De telles règles correspondent assez bien aux tendances ascétiques qui se développent dans le christianisme de l’époque des persécutions50. 51 Sur la question de l’animation de l’embryon, on consultera le dossier de textes réunis par Co ... 33La seconde raison est la réflexion anthropologique qui se développe au fur et à mesure que le christianisme gagne les élites intellectuelles. Pratiquer toute forme de contraception, c’est non seulement empêcher un être de venir au monde, mais c’est aussi détruire ou supprimer une semence porteuse de vie, donc animée. Mais sans doute importait-il de déterminer quand on pouvait parler de quelque chose d’animé empsuchon ti, d’un être humain en devenir. Car, pour qu’il y eût un être humain, encore fallait-il qu’il y eût une âme humaine. D’où la participation chrétienne au débat philosophique sur le moment de l’animation51. 52 F. Dölger, Das Lebensrecht des ungeborenen Kindes und die Fruchtabstreibung in der Bewertung der ... 53 Par exemple dans la croyance aux anges chargés de la conception ; voir Midrash ha-Gadol du Pentateu ... 34Le cas le plus extrême est celui du presbytre dont Clément d’Alexandrie rapporte l’enseignement. Très platonisant » selon Dôlger52, même s’il témoigne de toute évidence d’influences juives53, il professe la préexistence des âmes, et, en conséquence, l’animation dès la conception 54 Clément d’Alexandrie, Eclogae propheticae, 50. Un presbytre disait que ce qui se trouve dans le sein to kata gastros est un être vivant ; en effet, l’âme, pénétrant dans la matrice préparée à la conception à la suite des règles et introduite par l’un des anges préposés à la naissance, qui connaît par avance le moment de la conception, pousse la femme à l’accouplement ; et, une fois le sperme éjaculé, elle s’assimile l’esprit présent dans le sperme et ainsi contribue à la formation. Il en appelle au témoignage de tous. Et lorsque les anges apportent la bonne parole aux [femmes] stériles [ Sarah, la femme de Manoah], ils introduisent pour ainsi dire les âmes avant la conception ; dans l’évangile aussi le nourrisson a tressailli Lc 1,41, parce qu’il était animé. Et les [femmes] stériles sont stériles pour cette raison, que l’âme qui recueille l’éjaculation du sperme n’a pas été introduite pour provoquer la conception et la génération54. 35Ainsi, l’âme préexiste même à l’union sexuelle, et, quand celle-ci a lieu et que le sperme de l’homme est éjaculé dans le sein de la femme, cette âme préexistante façonne » plattô, hè plasis l’esprit pneuma présent dans le sperme éjaculé. Le produit de l’accouplement est donc animé empsuchos dès la conception, tandis que l’âme qui l’habite existe antérieurement même à la conception. Dans une pareille logique, il est évident que l’avortement, à quelque stade de la croissance qu’il se produise, est un homicide, et que même les pratiques contraceptives peuvent être comprises comme une atteinte à la vie, l’âme étant empêchée de rejoindre le corps qui lui est réservé ! 55 Tertullien, De anima, 25, 9 Platon montre en effet que l’âme dérive de la semence... » sans do ... 56 Tertullien, De anima, 27, 9. 36On trouve chez Tertullien une conception un peu différente, puisque, si, chez lui, il y a bien une forme de préexistence de l’âme de l’enfant, c’est en germe, dans le sperme du père. En effet, selon l’Africain, l’âme est véhiculée par le sperme masculin, et cela depuis le premier homme jusqu’à chacun des hommes nés ou à naître. Le sperme masculin est donc porteur de l’âme autant qu’il l’est du corps55 ; ainsi se justifie selon lui la transmission du péché originel, qui est véhiculé du premier homme, Adam, jusqu’en chacun de nous, par l’intermédiaire du sperme masculin ; c’est ce qu’on appelle généralement le traducianisme C’est d’un seul être humain [ Adam] que provient cette abondance d’âmes...56 ». 57 Tertullien, Apologeticum, 9. 8. 58 Tertullien, De anima, 37, 2. 37Selon la même logique, de même que l’âme est déjà dans le sperme, de même l’homme est déjà en devenir dans le germe - qui n’est autre, rappelons-le, que le sperme déposé dans la matrice, selon la tradition aristotélicienne C’est un homme aussi ce qui doit devenir un homme homo est et qui est futurus ; de même, tout fruit est déjà dans le germe57. » Cette belle formule, empruntée à l’Apologeticum, paraît pourtant difficilement conciliable avec ce que soutient par ailleurs le Carthaginois dans le De anima, en en appelant à l’autorité de Moïse Il est donc bien établi que le fœtus dans l’utérus est un être humain homo à partir du moment où il est complètement constitué [a quo forma est completa, par référence à Ex 21,22-23]58 ». C’est que, dans un cas, il s’agit d’opposer la pureté des mœurs chrétiennes à la cruauté des païens, qui recourent à l’avortement et à l’exposition des enfants nouveau-nés pour réguler les naissances, et, en conséquence, de montrer que l’enfant à naître doit être respecté à quelque stade de son développement que ce soit, et, dans l’autre, de montrer que, si l’âme est présente dans le composé humain dès la conception et qu’elle coexiste avec le corps dès l’origine, elle ne se manifeste du moins que très progressivement, n’acquérant le statut d’âme proprement humaine qu’avec le temps. 38Chez Grégoire de Nysse, le sperme est défini non pas comme porteur d’âme » ainsi qu’il l’est chez Tertullien, c’est-à-dire comme le véhicule du vivant, mais comme étant lui-même vivant » et animé ». Le Cappadocien semble avoir été le premier à s’être posé en des termes quasi scientifiques la question de l’animation du sperme 59 Grégoire de Nysse, De opificio hominis, 29, 3, PG 44, 236 B. - La semence humaine hè anthrôpinè spora doit être conçue comme possédant dès les origines du composé humain la puissance naturelle qui est disséminée en elle [...]. Il n’est pas possible de distinguer, avant leur formation, les articulations des membres dans ce qui, déposé [dans le sein], provoque la conception d’un corps humain en tôipros tèn sul-lèpsin tou sômatos entithemenôi59. 60 Ibid., 29, 3, PG 44, 236 D. - Ce n’est pas d’un [corps] mort que peut venir la puissance nécessaire à la conception, mais de quelque chose d’animé et de vivant ex empsuchou kai zôntos ; aussi affirmons-nous qu’il est de bonne logique de penser que ce qui tient son origine de quelque chose de vivant apo zôntos pour produire la vie ne peut être mort et inanimé nekron kai apsuchon60. 61 Ibid., 29, 3, PG 44, 237 A. - Cette partie [ le sperme] qui est le principe du vivant en formation archè tou kataskeuazomenou ginetai zôou vit zèn61. 62 Grégoire de Nysse, De opificio hominis, 29, 3 La semence humaine doit être conçue comme posséda ... 39Le point de départ de Grégoire est simple c’est le constat que le sperme est porteur de vie, donc vivant car on ne peut donner que ce qu’on a. Or, s’il est vivant » zôn, il est nécessairement animé empsuchon. Donc, le sperme possède ou recèle en lui une âme ». Mais il est difficile de savoir ce que Grégoire entend exactement par âme ». Il ne s’agit sans doute pas du principe spirituel, comme chez Tertullien, pour qui le sperme est le véhicule du péché, c’est-à-dire d’un vice qui ne tient pas au corps, mais à l’esprit. Sans doute s’agit-il plutôt de ce que nous appellerions l’âme végétative, celle propre à tous les êtres vivants, quels qu’ils soient, animaux et végétaux compris. Grégoire, en effet, admet comme Aristote une animation progressive de l’embryon, l’âme végétative ou nutritive se développant la première et se voyant compléter au fur et à mesure de la croissance de l’embryon par l’âme sensitive et l’âme rationnelle62. 40Toutefois, Grégoire ne s’appuie pas sur ce constat, d’ordre scientifique », pour condamner la contraception masculine, c’est-à-dire le retrait, qui étouffe la croissance d’un germe contenant déjà en lui âme et vie, et renfermant en puissance diverses complétudes de formes et de facultés, comme le soulignait déjà l’apologiste Athénagore 63 Athénagore, De resurrectione, 17, 2. Qui pourrait croire sans en avoir été instruit par l’expérience que dans une semence homogène et informe se trouve [le principe] de facultés si nombreuses et si importantes ou d’une telle variété d’organes destinés à s’assembler et à se souder les uns aux autres ? [...] Car ce n’est pas dans les semences encore humides que l’on peut rien en voir...63 41En clair, le Cappadocien ne peut pas assimiler l’onanisme à un homicide en tant que suppression d’un corps doté de vie et d’âme, parce que le sperme, s’il est dit animé », n’a cependant pas à ses yeux d’âme proprement humaine - pas plus qu’avant lui Tertullien ne concevait la perte du sperme porteur d’âme » comme un homicide, au même titre que l’avortement. 42Au terme de notre démarche, il apparaît que le refus des pratiques contraceptives, dans la tradition rabbinique, n’est que très exceptionnellement mis en rapport avec l’interdiction de verser le sang telle qu’elle est formulée dans la Bible je n’en ai relevé qu’une seule attestation, au sein du traité talmudique Yemabot 63b. En revanche, l’onanisme est généralement condamné, aussi bien dans la tradition rabbinique Yemabot, 34b que dans le judaïsme hellénistique Philon, Flavius Josèphe, comme une atteinte à la Loi de Dieu ou celle de la nature, qui fait de la procréation un devoir, mais non comme un homicide ; les tolérances concernent des cas bien précis, plusieurs fois énumérés dans les traités talmudiques Ketubot, 37a ; Nidda, 45a. 43Plus soucieux de régler les rapports sexuels que leurs devanciers juifs, les Pères ont infléchi les règles de la Bible et des Sages d’Israël dans le sens d’une plus grande sévérité. Ils lient indissolublement le mariage et les relations sexuelles, faisant de la procréation la mesure du désir Justin, Athénagore, Augustin... ; bien plus, certains d’entre eux tendent à identifier les relations en dehors du mariage à la prostitution porneia et à l’adultère moicheia, par exemple le rédacteur des Constitutions apostoliques 6, 28, 2. La conséquence en est que l’onanisme comme moyen contraceptif, en dehors ou au sein du mariage, est sévèrement condamné ; pratique honteuse turpe, chez Augustin, souvent associée à l’hérésie Épiphane, Augustin, il est jugé contraire à la Loi de Dieu et un détournement de la finalité même du mariage. 44En théorie, chaque rapport sexuel doit avoir pour but l’enfantement Clément, Césaire. Cette position de principe n’empêche pas les Pères de manifester quelque indulgence envers les époux qui souhaitent limiter les naissances Augustin, De bono conjugali 3, 15, ou même ne pas avoir de progéniture du tout - tel Augustin, ui refuse de priver du nom sacré de mariage une union fondée sur l’attirance et le désir sexuels ibid. 5, 5. À ma connaissance, aucun des Pères, pas même Tertullien, ne tire argument de la doctrine de l’animation du sperme pour condamner l’onanisme comme un homicide. Le mot français crime », employé ci ou là par certains des traducteurs modernes de textes patristiques, ne doit pas faire illusion ; quand Augustin réprouve le coïtus interruptus et qualifie cette pratique d’illicitum et turpe, il considère qu’elle est immorale et contraire à la Loi de Dieu, mais il ne fait pas pour autant d’elle un homicide », un meurtre, même précoce. 45Quant à la contraception chimique ou mécanique, elle est mal distinguée de l’avortement, ce qui explique sans doute qu’elle ne rencontre aucune indulgence chez les Pères. Nombreux sont ceux d’entre eux qui assimilent les stérilisants à des poisons mortifères et font de leurs utilisatrices des meurtrières - avant même que l’enfant ne soit conçu avant son origine », écrit Minucius Félix, c’est-à-dire jusqu’à sept jours après le rapport sexuel, selon la physiologie de l’époque, voire avant même qu’il ne soit semé », c’est-à-dire avant tout rapport sexuel Jérôme. La contraception que nous qualifierions aujourd’hui par l’épithète du lendemain », c’est-à-dire l’usage de drogues stérilisantes ou abortives peu après le rapport sexuel, est donc toujours considérée comme un homicide, au même titre qu’un avortement Peu importe, écrit Tertullien Apologia 9, 8, qu’on arrache l’âme déjà née ou qu’on la détruise au moment où elle naît », suivi en cela par Basile Epistulae 188, 2. Cette position contredit les données de la science médicale de l’époque, majoritairement d’inspiration aristotélicienne, qui distinguent plusieurs stades dans l’animation de l’embryon, ce qui exclut qu’un avortement très précoce et a fortiori l’emploi d’un contraceptif ou d’un stérilisant puisse être considéré comme un homicide sur le plan strictement physiologique. Ainsi, le parricide » ce mot peut aussi désigner l’infanticide d’une mère sur son propre enfant auquel fait allusion Minucius Félix semble bien renvoyer à l’usage de drogues contraceptives c’est le propre des auteurs chrétiens de culpabiliser à ce point la contraception chimique » en l’assimilant à un meurtre ; la faiblesse des connaissances médicales de l’époque et l’impossibilité qu’avaient les Anciens de faire le départ entre l’avortement précoce et la contraception peuvent en tout cas justifier au moins sur le plan théorique une pareille sévérité. 46On voit donc combien, en matière de contraception, le magistère se distingue de la réception des doctrines physiologiques et anthropologiques, fort variées il est vrai, et sur lesquelles l’unanimité ne régnait pas au sein même de la grande Église, comme le remarquait déjà Origène. Néanmoins, un point semble faire l’unanimité quand la main de l’homme intervient pour empêcher une génération qui s’annonce, il est généralement considéré qu’il y a homicide androphonia, homicidium, même lorsque le fœtus n’est pas assez développé pour qu’on puisse le désigner comme un être humain anthrôpos, homo. Certains des Pères vont ainsi jusqu’à condamner l’usage de stérilisants au même titre que celui des abortifs, d’une part au nom du respect de la loi divine de procréation, d’autre part comme une atteinte à la vie humaine, un homicide ». Quant à l’onanisme, il est rejeté non pas au nom d’une doctrine médicale qui considérerait le sperme comme animé » et possédant en puissance, par lui-même, toutes les potentialités d’un être humain, mais parce qu’il est contraire à la loi du mariage, qui voue le couple à la procréation. 47La morale chrétienne de la contraception est donc tout entière dépendante de l’idée que se sont faite les Pères du couple et du mariage, et s’ils pensent que la contraception est une atteinte à la vie, ce n’est pas en tant qu’elle est homicide, mais en tant qu’elle contrevient à la loi de Dieu, qui a créé l’homme et la femme comme deux êtres complémentaires unis par l’amour et le désir uniquement pour assurer la propagation de l’espèce Athénagore. Mais comment concilier ce bon usage de la sexualité au sein du couple avec les nécessités impérieuses du désir humain ? Augustin constate, d’après sa propre expérience et celle des autres hommes qui se sont ouverts à lui, que c’est humainement impossible ; on comprend dès lors son indulgence, ou son pragmatisme, qui lui fait non seulement admettre que les couples légitimes peuvent ne pas vouloir multiplier le nombre de leurs enfants, mais encore accorder le nom sacré de mariage à une union fondée uniquement sur l’amour et le désir réciproques. De ce point de vue, la pensée de l’Africain est bien proche de celle des Modernes ! Haut de page Notes 1 Gn 9, 5 Je demanderai compte du sang de chacun de vous. J’en demanderai compte à tous les animaux et à l’homme, aux hommes entre eux, je demanderai compte de l’âme de l’homme. » 2 Ex 20,13 tu ne tueras pas ». 3 À paraître dans la Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuses de Strasbourg. Sur la question de la contraception dans l’Église ancienne, on consultera Dubarle, La Bible et les Pères ont-ils parlé de la contraception ? », La vie spirituelle, suppl. 15, p. 573-610 ; Contraception et mariage. Évolution ou contradiction dans la pensée chrétienne ? trad. fr., Paris, 1969. Voir aussi K. Hopkins, Contraception in the Roman Empire », Comparative Studies in Society and History, 8 1965, p. 124-151 ; Fontanille, Avortement et contraception dans la médecine gréco-romaine, Paris, 1977. Sur la morale des Pères dont nous citons les textes, voir Broudéhoux, Mariage et famille chez Clément d’Alexandrie, Paris, 1970 ; K. De Brabander, Le retour au paradis. Une étude sur la relation entre la sanctification de l’homme et l’ascèse sexuelle chez Tertullien, Rome, 2004 ; C. Rambaux, Tertullien face aux morales des trois premiers siècles, Paris, 1979 ; L. Dat-trino, Il matrimonio secondo Agostino contratto, sacramento e casi umani, Milan, 1995 ; E. Schmidt, Le Mariage chrétien dans l’œuvre de saint Augustin. Une théologie baptismale de la vie conjugale, Paris, 1983 ; Th. Deman, Le traitement scientifique de la morale chrétienne selon Saint Augustin, Montréal-Paris, 1957. 4 Sur la doctrine d’Hippocrate, voir le traité hippocratique De generatione,5-6 ; sur celle de Démocrite, voir Témoignages, 143 = Aristote, De generatione animalium, 4, 1, 764 a - à propos de la prédominance de la semence du père ou de la mère. 5 Sur la question, voir nos quatre études La conception virginale chez les premiers Pères de l’Église. Réflexions sur les rapports entre théologie et physiologie », Regards sur le monde antique. Hommage à Guy Sabbah, Lyon, 2002, p. 229-255 ; La génération du monde dans le mythe valentinien et la doctrine aristotélicienne », Colloque L’évangile selon Thomas, Québec, mai-juin 2003 à paraître ; La notice d’Hippolyte sur Simon cosmologie, anthropologie et embryologie », dans V. Boudon et B. Pouderon dir., Les Pères de l’Eglise face à la science médicale de leur temps, Paris, Beauchesne, p. 49-71 ; L’influence d’Aristote dans la doctrine de la procréation des premiers Pères et ses implications théologiques », Colloque L’embryon, Collège de France, juin 2005 à paraître. Sur la doctrine aristotélicienne de la génération, voir Aristote, De generatone animalium, I, 19, 727a ; IV,1, 765b. 6 Voir Soranos, Gynaecia, I, 43 La conception est une rétention prolongée de la semence, ou d’un embryon, ou de plusieurs embryons, dans la matrice, pour une raison naturelle. [...] Dans les premiers temps, lorsque le produit est encore informe, la conception ne s’applique qu’à la semence... » ; et, avant lui, Aristote, Historia animalium, VII, 3, 583a Si le sperme reste sept jours [ dans le vagin], il y a manifestement conception. » 7 Voir Aristote, De generatone animalium, II, 4, 739 b ; Tertullien, De carne Christi, 19, 3-4 ; etc. 8 L’expression zôopoion sperma apparaît, entre autres, chez Cyrille d’Alexandrie, Fragmenta commentarii in Lucam PG 72, 912, au sein d’une métaphore médicale. 9 Gn 1,18 création de l’homme ; renouvelé en Gn 8,17 Noé ; voire en Gn 17,6 Abraham. 10 Talmud de Babylone, Yemabot 63b, cité par P. Brown, Le renoncement à la chair virginité, célibat et continence dans le christianisme primitif trad. fr. Paris, 1995, p. 94. Parallèle dans Yemabot 35a, éd. Epstein, p. 218 = éd. Goldschimdt, p. 428. 11 Voir les textes cités ci-dessous, concernant la contraception féminine. 12 tB Yemabot 34b, éd. Epstein, p. 215 = éd. Goldschmidt, p. 426 ; référence fournie par Congourdeau au cours d’un échange de correspondance ; son étude, Les avatars du désir d’enfant », est destinée à paraître dans les Actes du symposium de Dumbarton Oaks. 13 Philon, De specialibus legibus, 3, 36. 14 Flavius Josèphe, Contra Apionem, II, 234, 199. 15 Clément, Paedagogus, II, 10, 95, 3 ; beau passage, qui unit la morale stoïcienne Musonius Rufus, XII, p. 64, 2 aux prescriptions du judaïsme. Voir M. Spanneut, Le stoïcisme des Pères de l’Église, de Clément de Rome à Clément d’Alexandrie, Paris, 1958 ; 19692, p. 260. 16 Voir Irénée, Adversus haereses, I, 24, à propos de Saturnin et Basilide le mariage et l’enfantement proviennent de Satan » ; Clément, 3 Stromata, 2, 12, 2 par conséquent, ne voulant pas remplir un monde fait par ce Créateur, ils veulent s’abstenir du mariage » ; Épiphane, Panarion, 43, 1, 5, à propos des Lucianistes, qui rejettent le mariage parce qu’ils refusent les œuvres du Démiurge ; comparer avec Exégèse de l’âme Nag Hammadi II, 6, 137, 7-8 la tromperie d’Aphrodite, celle qui est dans la génération de ce lieu » ; ou encore Témoignage de vérité Nag Hammadi IX, 3, 30, 2-6. Cette tendance n’est pas étrangère au christianisme de la grande Église, du moins aux yeux de ses adversaires Vie de Thècle, 16 = Dagron, p. 190191 [Paul] enseigne je ne sais quelle doctrine nouvelle et étrange dirigée contre l’humanité entière il réprouve le mariage, qui est, pourrait-on dire, le fondement, la racine et la source de notre nature... » cité par Brown, Le renoncement à la chair... . 17 Épiphane, Panarion, 26, 5, 2. 18 Galien, Du usu partium, XIV, 9, Kuhn t. 4, p. 183 le sperme est fait de pneuma, en quelque sorte écumeux ». 19 Augustin, Contra Faustum, 22, 30 ; parali. De moribus ecclesiae catholicae et moribus manichaeorum, II, 18, 65 N’est-ce pas vous [ les Manichéens qui, par la raison que les âmes sont enchaînées à la chair, regardez la procréation des enfants comme un crime plus grand que l’union même des sexes ? N’est-ce pas vous qui recommandiez sans cesse d’observer, autant que possible, le temps pendant lequel la femme, après la purification, devient plus apte à la conception, et de vous abstenir alors de tout commerce avec elle, pour ne pas exposer une âme à s’unir à la chair ? » 20 Formule de Bauerschmidt, art. »contraception », dans Fitzgerald dir., Encyclopédie saint Augustin éd. fr. sous la direction de Vannier, p. 347. 21 Augustin, De adulterinis conjugiis, II, 12. 22 Augustin, De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17. Le recours aux amulettes est connu de Pline, Naturalis historia, 29, 27, 85 utilisation de vers desséchés en guise d’amulettes préservatives. 23 Augustin, De bono conjugali, 13, 15 ; à opposer à 5, 5, cité infra référence n. 45. 24 Par ex. Contra Faustum, 22, 30, cité supra référence n. 19. 25 Par ex. De moribus ecclesiae, II, 18, 65, cité supra, n. 19. Voir Hippocrate, De mulierum affectibus, I, 38 ; Soranos, Gynaecia, I, 10, 36. 26 Par ex. De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17, cité supra référence n. 22. Ces pharmaka sont mentionnés, entre autres, par Hippocrate, De natura mulieri, 93 ; De mulierum affectibus, I, 102 potions ; Aristote, Historia animalium, 7, 3, 583a et Pline, Naturalis historia, 24, 11, 18 huile de cèdre employée comme onguent spermicide, sur la verge ou dans le vagin. 27 Justin, 1 Apologia, 29, 1 Ou bien nos mariages n’avaient absolument pas d’autre fin que d’élever nos enfants, ou bien, si nous renoncions au mariage, nous observions une chasteté parfaite » autrement dit, il ne peut y avoir de mariage, c’est-à-dire de communauté impliquant des relations sexuelles, que s’il y a désir d’enfant ; Athénagore, Legatio, 33, 2 et 6 De même que le paysan, une fois qu’il a jeté les graines en terre, attend la moisson sans plus semer, de même pour nous la procréation est la mesure du désir. [...] Au commencement, Dieu a créé un seul homme et une seule femme, [...] une communauté de la chair à la chair dans l’unité en vue de la reproduction sexuée de l’espèce » ; Clément, Paedagogus, II, 10, 102, 1 Il n’est permis d’émettre sa semence speirein à celui qui a contracté mariage, comme à l’agriculteur, que lorsque c’est le bon moment pour recevoir la semence » ; Minucius Félix, Octavius, 31,5 Nous aimons rester fidèles au lien d’un seul mariage, le désir de procréer ne nous fait connaître qu’une [seule] femme ou aucune » ; Augustin, Contra Faustum, 19, 26 La femme ne doit se marier que dans la pensée de devenir mère... » ; De adulterinis conjugiis, 2, 12, 12 Mettre au monde des enfants est la raison première naturelle et légitime du mariage » ; Confessiones, II, 2, 3 Le flot bouillonnant de la jeunesse... [doit] rencontrer sa fin naturelle dans la procréation des enfants. » 28 tB Shabbat, éd. Epstein, p. 538. 29 tB Yemabot, 17a, éd. Epstein, p. 92 = éd. Goldschimdt, p. 366. 30 Philon, Hypothetica, 7, 7. 31 A. Rousselle, Porneia. De la maîtrise du corps à la privation sensorielle IIe-IVe siècles de l’ère chrétienne, Paris, 1983, p. 156-165. 32 Voir Digeste, 48, 8, 4, 2 et 3 Qu’on ne fasse pas d’eunuques » décrets d’Hadrien. 33 Mt 19,12 Il y a des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l’action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du Royaume des cieux. » 34 Voir Justin, 1 Apologia, 29, 2-3 ; Eusèbe, Historia ecclesiastica, 6, 8, 1-3. 35 Eusèbe, Historia eclesiastica, 6, 8, 3. 36 Basile d’Ancyre, De virginitate, frag. slavon cité par Rousselle, Porneia, p. 159. 37 Yemabot 12b, éd. Epstein, p. 62 = éd. Goldschmidt, p. 351 autre référence fournie par Congourdeau ; parall. tB Nidda 45a, éd. Epstein, p. 311. 38 tB Ketubot 37a, éd. Steinsaltz, Ketoubot 2, Paris, 1995, p. 138 = éd. Epstein, p. 202-203. 39 Minucius Félix, Octavius, 30, 2. 40 Jérôme, Epistulae, 22 Ad Eustochium, 13. 41 Jean Chrysostome, Homilia 24 in Epistulam ad Romanos, 4, s’en prenant aux usages contraceptifs des courtisanes. 42 Augustin, De moribus ecclesiae, II, 18, 65, cité supra, n. 19. 43 Augustin, De nuptiis et concupiscentia, I, 15, 17, cité supra référence n. 22. 44 Augustin, Confessiones, II, 2, 2. 45 Augustin, De bono conjugali, 5, 5 ; à opposer à 13, 15. 46 Césaire d’Arles, Sermones, 1, 12, CC 103, 9, cité par Noonan, Contraception et mariage. 47 Voir Soranos, Gynaecia, I, 20, 63 Certains conseillent aussi de boire une fois par mois la grosseur d’un pois chiche de baume de Cyrène dans deux cyathes d’eau pour déclencher les règles [...]. Ces préparations ne sont pas seulement contraceptives, elles font aussi avorter une conception déjà en train. » 48 Sur la morale sexuelle des premiers chrétiens, on consultera Rousselle, Porneia ; Brown, Le renoncement à la chair... 49 Tertullien, De anima, 27, 4. 50 Sur la question, voir Brown, Le renoncement à la chair..., passim. 51 Sur la question de l’animation de l’embryon, on consultera le dossier de textes réunis par Congourdeau, L’enfant à naître, Paris, 2000 à qui nous empruntons souvent les traductions de J. Martin et Guillaumin pour Tertullien et Grégoire ; l’ouvrage très partisan de Ph. Caspar, L’embryon au IIe siècle, Paris, 2002 ; et les articles d’E. Lepicard, L’embryon dans la Bible et la tradition rabbinique », Éthique. La vie en question, 3 hiver 1992, p. 37-47 ; 4 printemps 1992, p. 58-80 ; A. Cohen, Le Talmud trad. fr., Paris, 1912, p. 123-125 ; enfin les Actes du Colloque sur L’embryon, organisé par L. Brisson à Paris, en juillet 2005 à paraître. 52 F. Dölger, Das Lebensrecht des ungeborenen Kindes und die Fruchtabstreibung in der Bewertung der heidnishen und christlichen Antike », Antike und Christentum, 4 1932, p. 1-61, ici p. 28-32 ’Ein anonymer christlicher Platoniker des zweites Jahrhunderts über Beseelung des Embryo’. L’idée d’un bon génie » présent au moment de la conception pourrait être d’origine pythagoricienne ; les pythagoriciens pensaient en effet que les âmes étaient des démons » qui s’introduisaient dans les semences ou dans le corps de l’embryon au moment de l’union sexuelle - l’embryon devant ainsi être considéré comme animé dès la conception voir A. Rousselle, Les théories de l’embryon chez les auteurs médicaux antiques et chez les premiers auteurs chrétiens », Bulletin d’étude du Centre de l’histoire de la médecine, n° 34 tiré à part fourni par l’auteur. 53 Par exemple dans la croyance aux anges chargés de la conception ; voir Midrash ha-Gadol du Pentateuque, sur Lv 12,2 l’ange chargé de la grossesse prélève une goutte de semence... » ; Apocalypse de Pierre, 8,7 [ces damnés] ont maudit l’ange qui nous avait formés... », et peut-être même Tertullien, De anima, 37, 2 les anges chargés de la croissance des fœtus. Les païens, toutefois, connaissaient aussi des divinités protectrices de la croissance de l’embryon Tertullien, De anima, 37, 1 la superstition romaine a imaginé une déesse Alemona, dont la mission est de nourrir le fœtus dans l’utérus, puis une Nona, puis une Decima [leurs noms étant empruntés aux mois les plus difficiles à franchir], puis une Portula pour gouverner l’accouchement, puis une Lucina, pour produire l’enfant à la lumière... ». Influence juive encore pour la doctrine de la préexistence des âmes, que connaît la littérature sapientiale j’avais reçu en partage une âme bonne, ou plutôt, étant bon, j’étais venu dans un corps sans souillure » Sg 8,19-20 ; tout comme le Talmud Le Talmud enseigne la préexistence des âmes. ’Dans le septième ciel, araboth, sont placés les esprits et les âmes à créer Khag. 12b, c’est-à-dire non encore nées, qui seront unies à des corps.’ » Cohen, Le Talmud, p. 124. 54 Clément d’Alexandrie, Eclogae propheticae, 50. 55 Tertullien, De anima, 25, 9 Platon montre en effet que l’âme dérive de la semence... » sans doute dans les Lois VI, 775, abusivement interprété ; 27, 6 Dans le bouillonnement même de ce dernier stade de la volupté [...], ne sentons-nous pas quelque chose sortir de notre âme aussi ? [...] Ce sera la semence de l’âme [...], tout comme cette humeur reste la semence du corps » ; 27, 4, 8 Nous proclamons une semence en deux espèces, corporelle et animale [...] ; introduites ensemble dans leur terrain et leur champ [ la matrice], elles produisent ensemble de deux substances un homme. » 56 Tertullien, De anima, 27, 9. 57 Tertullien, Apologeticum, 9. 8. 58 Tertullien, De anima, 37, 2. 59 Grégoire de Nysse, De opificio hominis, 29, 3, PG 44, 236 B. 60 Ibid., 29, 3, PG 44, 236 D. 61 Ibid., 29, 3, PG 44, 237 A. 62 Grégoire de Nysse, De opificio hominis, 29, 3 La semence humaine doit être conçue comme possédant dès l’origine première du composé humain la puissance de sa nature disséminée en elle. Mais cette puissance se développe et se manifeste par une sorte d’enchaînement naturel qui l’a conduit vers son achèvement [...]. Le corps passe d’une très petite taille à l’état achevé. De la même façon, la progression de l’activité de l’âme correspond à la croissance du corps. Car la seule chose apparente, dans la première constitution, comme dans une racine cachée en terre, c’est sa force de nutrition et de croissance. [...] Ensuite, comme la plante sort à la lumière et produit un germe au soleil, fleurissent les facultés sensitives. Enfin, à la maturité, lorsque la croissance est parvenue à la taille convenable, commence à briller, comme un fruit, la faculté de raisonner ; elle ne se manifeste pas tout entière d’un seul coup, mais sa croissance accompagne le perfectionnement de son instrument. » 63 Athénagore, De resurrectione, 17, de page Pour citer cet article Référence papier Bernard Pouderon, Tu ne tueras pas l’enfant dans le ventre », Revue des sciences religieuses, 81/2 2007, 229-248. Référence électronique Bernard Pouderon, Tu ne tueras pas l’enfant dans le ventre », Revue des sciences religieuses [En ligne], 81/2 2007, mis en ligne le 01 septembre 2012, consulté le 30 août 2022. URL ; DOI de page
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